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[247] La question que Virgile pose à Ulysse peut paraître curieuse. Ce n'est pas Dante qui la lui pose: il semble que dernier, en tant qu'auteur du poème, attache une grande f portance à cet épisode – qui l'a d'ailleurs – puisqu'il l'introduit d'une manière un peu inattendue. Il ne parle pas d’Ulysse en tant qu'Ulysse, mais il se sert de lui comme d'un simple prétexte pour placer cette description d'un périple inventé par lui – puisque l'épisode qu'il raconte ici ne coïncide nullement avec les traditions classiques. Nous avons essayé de prouver ailleurs que le voyage d'Ulysse, tel qu'il est raconté ici, reproduit l'expédition des frères Vivaldi aux îles Canaries, en 1296; cf. Al. Ciora-nescu, Dante y las Canarias, dans Estudios de literatura espanola y comparada, La Laguna 1954, pp. 9-27.

[248] Sur ce passage, cf. F. Ageno, dans Studi danteschi, 1957, pp. 205-209.

[249] Les Colonnes d'Hercule, aujourd'hui Gibraltar, signalaient la fin du monde connu et réputé habitable. Naturellement, les Anciens connaissaient la côte occidentale du continent européen, et ils franchissaient les Colonnes, puisque Cadix, la plus vieille cité d'Europe, se trouve au-delà. On les entendait comme limite du monde connu, dans le sens qu'il n'y avait pas de continent au-delà et que, d'ailleurs, la vie n'y était pas possible. C'est vers ce monde mystérieux, où mourait tous les jours le soleil, qu'Ulysse prétend se diriger.

[250] Les navigateurs avaient donc dépassé la ligne de l'équateur.

[251] Après cinq mois de navigation, Ulysse était arrivé devant une grande montagne qui surgissait de l'eau. C'est la montagne du Purgatoire, antipode de Jérusalem: et l'on comprend que Dieu ait puni l'audace de ce mortel qui, mû par la simple curiosité, vient ainsi explorer l'inconnu et le monde des morts. Du point de vue géographique, cette grande montagne pourrait être l'Atlas des Anciens, le Teid des Canaries d'aujourd'hui, où la mythologie plaçait jadis les Champs-Élysées. Les Canaries étaient mal connues encore, à l'époque de Dante; c'est ce qui pourrait expliquer la position qu'il leur attribue, au sud de l'équateur; c'est probablement l'expédition déjà mentionnée des Vivaldi partie de Gênes, qui avait attiré son attention sur ces parages.

[252] Perillos, Athénien, avait fait cadeau à Phalaris, tyran d'Agrigente, d'un taureau d'airain creux, conçu pour y enfermer des condamnés et le rougir à blanc. Phalaris en fit la première expérience sur l'auteur lui-même.

[253] En italien: «lstra ten va, più non t'adizzo», phrase qui est effectivement du lombard. Dante ne veut peut-être pas nous faire croire qu'il parlait avec Virgile en italien; mais Virgile était Lombard, d'après ce qu'il en dit lui-même (Enfer, I, 68). On a discuté pour savoir si cette expression est un échantillon de langage courtois, ou s'il ne témoigne pas d'une dureté inattendue de la part du poète. Selon A. Vallone, Letteratura italiana, XI, 1959, p. 22, il s'agirait d'une formule de congé, sans aucune intention péjorative. Cependant, il ne faut pas oublier que Virgile parle à un damné, qui ne mérite la courtoisie que juste ce qu'il faut pour capter sa bienveillance pour le faire parler; la façon de se séparer des damnés et le jugement qu'on porte sur eux ne sont jamais bienveillants. Guido de Polenta le Vieux, père de Françoise de fut seigneur de Ravenne de 1275 à 1310; il avait aigle pour armes et il était en même temps seigneur de Cervia, sur la côte de l'Adriatique et au sud je Ravenne.

[254] Guido de Polenta le Vieux, père de Françoise de Rimini, fut seigneur de Ravenne de 1275 à 1310; il avait un aigle pour armes et il était en même temps seigneur de Cervia, sur la côte de l'Adriatique et au sud de Ravenne.

[255] La ville de Forli, qui avait obtenu en 1282 une importante victoire contre les Français envoyés par le pape Martin IV contre les Gibelins de la Romagne, avait pour seigneur Scarpetta degli Ordelaffi, qui portait un lion de sinople sur champ d'or, et qui accueillit Dante en 1303.

[256] Malatesta, père du mari de Françoise de Rimini et de son amant, et son fils aîné, Malatestino, seigneurs de Verrucchio, avaient mis en prison et fait tuer le chef des Gibelins de Rimini, qu'on nommait Montagna.

[257] Maghinardo Pagani, mort en 1302, dont l'écu portait un lion d'azur sur champ d'argent, était seigneur de Faenza, sur Lamone, et d'Imola, près de la rivière Santerne: il était Guelfe en Toscane et Gibelin en Romagne.

[258] Cesena, qui gît non loin de Savio, était gouverné par Galeasso de Montefeltro, mais sans avoir perdu ses libertés communales.

[259] Celui qui parle est Guido de Montefeltro (1220-1298), capitaine de Forli (1274) et chef militaire des Gibelins de Romagne (1275) et plusieurs fois excommunié. Il devint franciscain en 1296. Considéré comme un des hommes politiques les plus capables de son temps, il n'est pas certain qu'il ait joué auprès du pape Boniface VIII le rôle de conseiller que Dante lui attribue ici; c'était du moins ce qu'en pensaient les contemporains du poète.

[260] Le pape Boniface VIII. Ennemi des Colonna (dont le palais romain s'élevait à proximité de Saint Jean de Latran), il suivit le conseil de Guido de Montefeltro et leur promit la paix en échange de leur château fort de Palestrine, qu'il fit démolir dès qu'il en eut pris possession.

[261] Le cordon des franciscains.

[262] C'est une légende médiévale, qui prétend que Constantin, encore païen et persécuteur des chrétiens, avait été guéri de la lèpre après avoir reçu le baptême des mains de Sylvestre.

[263] Nom ancien de Palestrine, forteresse des Colonna.

[264] Le prédécesseur de Boniface VIII avait été Clément V, qui avait abandonné le trône pontifical; cf. note 34.

[265] La neuvième fosse, réservée aux semeurs de scandale et de schisme. Ceux-ci font le tour de la fosse; un diable les attend, qui leur fait d'horribles blessures; celles-ci se referment avant que leur tour les ramène une nouvelle fois devant lui.

[266] Les Pouilles furent un sol de choix pour la guerre, depuis l'Antiquité jusqu'à l'époque de Dante. Le poète rappelle, parmi les campagnes qui les ensanglantèrent le plus, l'expédition d'Énée et des fuyards de Troie, qui devaient être les ancêtres des Romains; la bataille de Cannes, pendant la seconde guerre punique, et à la suite de laquelle Annibal recueillit trois muids d'anneaux pris aux cadavres des chevaliers romains (Tite-Live, XXII-XXIII); les combats de Robert Guiscard, frère de Richard, duc de Normandie, et fondateur d'un État normand en Italie méridionale (1059-1084); la bataille de Bénévent (1266), où Charles Ier d'Anjou vainquit et tua Manfred, roi de Naples, si toutefois il est certain que c'est à cette bataille que pensait Dante en écrivant le nom de Ceperano, où il ne s'est jamais rien passé; et la bataille de Tagliacozzo (1268), où Charles Ier vainquit Conradin, fils de Manfred, grâce surtout aux sages conseils d'Alard de Valéry.