[112] Le fleuve de sang bouillant est le Phlégéton, le troisième des fleuves infernaux. Les poètes entrent au septième cercle, celui des violents, qui sont punis dans ce bain de sang, et gardés par des centaures, symboles de la bestialité, comme l'était de son côté le Minotaure.
[113] Chiron, médecin et devin, avait été précepteur d'Achille. Nessus, tué par Hercule, avait, avant de mourir, confié à Déjanire la chemise empoisonnée qui devait provoquer la mort d'Hercule. Pholus, invité aux noces de Pirithoüs, prétendit faire violence à la mariée Hippodamie, et aux femmes des Lapithes.
[114] Béatrice.
[115] Ce qui signifie: «Nous ne sommes pas justiciables du cercle confié à ta garde, tu n'as pas à t'occuper de nous.»
[116] Denys, tyran de Syracuse, mort en 367 avant J.-C. Alexandre a été identifié par les anciens commentateurs et par la plupart des modernes avec Alexandre le Grand, dont on cite plus d'un trait de cruauté et de tyrannie. Cependant, Tassoni, Difesa di Alessandro Macedone, s'est élevé contre cette interprétation et a soutenu que Dante pensait à Alexandre de Phères, cité souvent comme parangon de la tyrannie, et mentionné par Pétrarque à côté de Denys le Tyran, comme dans le texte de Dante. Cette thèse, qui a été reprise depuis, est moins probable que la première.
[117] Ezzelino da Romano, tyran de Padoue, mort en 1259, «le plus cruel et le plus redoutable tyran que l'on eût jamais vu parmi les chrétiens» selon le chroniqueur Villani. Obizzo II d'Esté, marquis de Ferrare, mort en 1293, suffoqué par son fils naturel Azzo VIII, à l'aide d'un édredon.
[118] Ce coupable est Gui de Montfort, qui tua en 1272 dans une église de Viterbe, Henri d'Angleterre, fils du roi Richard, pendant l'office de la messe, pour venger la mort de son père, Simon de Montfort. Édouard, roi d'Angleterre et frère de la victime, fit enfermer le cœur de celle-ci dans un vase en or, qui fut placé à Londres, à l'entrée d'un pont sur la Tamise.
[119] Pyrrhus, fils d'Achille, fut l'auteur du massacre de Priam et de ses enfants. Sextus, fils de Pompée, vengea la mort de son père par des actes de piraterie.
[120] Renier de Corneto fut un brigand des grands chemins dans la maremme romaine. L'autre Renier, de la famille des Pazzi de Valdarno, se fit connaître en 1267 par l'assassinat d'un évêque, ce qui lui valut l'excommunication et le bannissement de Florence pour lui et pour tous ses complices.
[121] Au-delà du Phlégéton, les deux poètes ont pénétré dans le deuxième giron du septième cercle. On y trouve les violents contre eux-mêmes et contre leurs biens, c'est-à-dire les suicidés et les dissipateurs. Les âmes des suicidés tombent dans ce giron et y germent comme des sorbiers; et celles des dissipateurs courent dans la forêt, poursuivies et déchirées par des chiennes.
[122] Cécine est un petit fleuve au sud de Livourne; Comète est une petite ville près de Civitavecchia. Grosso modo, ces points extrêmes indiquent la portion de la côte occidentale de l'Italie, qui fait face à l'île de Corse; elle semble avoir été connue anciennement par son terrain marécageux, insalubre et couvert de fourrés.
[123] Les Troyens d'Énée, abordant aux Strophades, deux îles de la mer Ionienne, eurent maille à partir avec les Harpies, d'après ce qu'en raconte Virgile, Énéide, III. L'une de ces Harpies prédit aux Troyens les malheurs qui les guettaient encore.
[124] Ces sables forment le troisième giron de ce cercle.
[125] Au troisième livre de L'Énéide, Virgile racontait qu'Énée, arrivé en Thrace, avait arraché quelques rejetons d'une plante; celle-ci fit rejaillir du sang par ses blessures, tandis qu'une voix en sortait, celle de Polydore, enterré à cet endroit. Dante avait donc connaissance de cette métamorphose; mais Virgile la considère si difficile à croire, qu'il préfère le laisser s'en convaincre par lui-même.
[126] Pier delle Vigne, originaire de Capoue, ministre de l'empereur Frédéric II et auteur de lettres latines qui furent longtemps considérées comme un modèle d'élégance. Accusé de trahison, il fut mis en prison, et l'empereur lui fit crever les yeux, en 1248; et son désespoir fut tel, qu'il se donna la mort, l'année suivante. Dante n'est pas le seul à croire que l'accusation de trahison était injuste et dictée par l'envie.
[127] Le premier est l'esprit de Lano, de Sienne, qui mourut en 1287, dans la bataille de Toppo, où les Siennois furent battus par les Arétins. Boccace prétend que Lano y avait cherché la mort, pour échapper à la misère; mais le texte de Dante ne donne pas à entendre qu'il s'y était conduit en héros. Le second, Giacomo da Sant'Andréa, de Padoue, mis à mort par Ezzelin da Romano en 1239, fut célèbre par sa folle prodigalité. Selon Gelli, II, 42, «il fit beaucoup de choses qui semblent plutôt d'un fou que d'un prodigue; ainsi, allant une fois de Padoue à Venise, il jeta à la mer un grand nombre de pièces de monnaie de dix écus, poules voir danser sur l'eau».
[128] La ville est Florence, dont l'ancien patron était Mars remplacé depuis par saint Jean-Baptiste. Les guerres qui firent tant souffrir Florence, dit Dante, ne sont qu'une vengeance de son ancien patron.
[129] Lors de la transformation du sanctuaire de Mars en église de Saint-Jean-Baptiste, la statue du dieu païen avait été dressée au bord de l'Arno, sur un haut pilier. Lorsque Florence fut détruite par Attila, la statue tomba dans le fleuve. Au temps de Charlemagne, la ville fut reconstruite; on voulut remettre en place le monument détruit, mais on n'en put retrouver qu'un fragment presque informe, qui fut néanmoins remis sur un piédestal. C'est à ce débris que fait allusion Dante; il disparut lors d'une inondation de l'Arno, en 1333. L'opinion des Florentins, à l'époque de Dante, est qu'il s'agissait d'un fragment authentique de la statue du dieu; selon certains historiens modernes, il faudrait penser plutôt à quelque statue de l'époque barbare.
[130] Ce suicide a été identifié à Lotto degli Agli, un juge qui s'était pendu pour avoir rendu un mauvais jugement (Benvenuto d'Imola), ou à Rocco de' Mozzi, qui s'était suicidé parce qu'il venait d'être ruiné. Selon Boccace, Dante avait tu le nom du suicidé, pour ménager sa famille, ou parce que les suicides étaient très nombreux à l'époque de notre poète.
[131] C'est le troisième et dernier giron du septième cercle, qui contient les violents contre Dieu. Les blasphémateurs sont punis par la pluie de feu qui s'abat sur eux, pendant qu'ils restent assis ou couchés sur le sable ardent. Ceux qui ont violé la loi de nature, les sodomites, circulent sous cette même pluie de feu.