[205] Nom générique de tous les diables de cette fosse.
[206] Un conseiller de la ville de Lucques. Sainte Zita était la patronne de cette ville.
[207] Bonturo dei Dati, chef du parti populaire de Lucques, dont les abus étaient partout connus: cette apparente exception n'est qu'une ironie. L'influence de Bonturo était si grande, que l'on raconte qu'étant allé à Rome, le pape Boniface le tira vers lui en disant: «Io muovo mezza Lucca», je mets en mouvement la moitié de Lucques. Le plus curieux est qu'il n'était pas mort en 1300, et il survécut même à Dante.
[208] Cette expression s'explique par la facilité qu'offrait aux faussaires la transformation de non (écrit nõ) en ita: on mettait un point ou un trait oblique sur la première jambe de l’n, on allongeait l'autre pour la transformer en t, et on renforçait les traits de l'o, qui devenait a: le tour était joué, et le document qui disait non, signifiait maintenant oui. Dante veut donc dire qu'il était facile de trouver à Lucques des faussaires qui, pour un peu d'argent, faisaient dire aux documents ce que vous vouliez leur faire dire. Les explications des commentateurs sont insuffisantes sur ce point.
[209] Crucifix byzantin vénéré à Lucques. Le Serchio est une rivière qui passe près de cette ville.
[210] Le château de Caproni avait été pris aux Pisans par les Lucquois aidés par les Florentins, en 1289, et la garnison put en sortir librement. Dante avait pris part lui-même à cette expédition.
[211] Compte tenu du fait que Dante place la mort du Christ en l'an 34, cela signifie qu'au moment où cette phrase est prononcée, nous sommes au Samedi-Saint de l'an 1300 et qu'il est environ sept heures du matin.
[212] Les anciens commentateurs le nomment Ciampolo; mais ils ne savent rien dire d'autre, et on ne le connaît pas par ailleurs.
[213] Thibaud II, comte de Champagne, roi de Navarre de 1253 à 1270; il était gendre de saint Louis et il est très connu comme poète.
[214] Frère Gomita, originaire de Gallura en Sardaigne, servit sous Nino Visconti, qui fut juge de Gallura de 1275 à 1296 et dont il sera question au Purgatoire, VIII, 53. Selon Vellutello, Frère Gomita fut protégé par le juge, jusqu'à ce qu'ayant laissé fuir les ennemis de celui-ci, pour avoir été payé par eux, il fut découvert et pendu.
[215] Michel Zanche avait épousé Adelasia, veuve du roi Enzo et dame de la judicature de Logodoro; selon d'autres, il avait usurpé cette judicature, sans s'être marié. Il fut tué par son gendre, Branca d'Oria, qui apparaît plus loin, cf. note 324.
[216] Dans cette fable, la grenouille persuade le rat, pour lui faire passer une rivière, de s'attacher la patte à la sienne. En réalité, la grenouille se propose de le noyer, et c'est pourquoi elle plonge, l'attirant après elle. Pendant que le rat lutte pour ne pas se noyer, un milan passe, qui le prend; et comme la grenouille était attachée à lui, elle fut victime de sa propre malice. Cette fable n'est pas d'Ésope, mais passait pour telle; elle est tirée de l'ancien recueil de fables qui circulait au Moyen Age en France sous le nom d'Ysopet.
[217] En italien, mo et issa. Mo est une abréviation de modo, «or, donc, maintenant»; issa, qui appartient au dialecte lucquois, signifie la même chose.
[218] Ils se trouvent alors dans la cinquième fosse. Comme il a déjà été dit (note 36), les fosses sont séparées entre elles par un éboulis de rochers qui forme comme une muraille continue ou comme un parapet. Les cercles concentriques étant disposés en escalier, la muraille ou le talus qui les limite offre une pente bien moins importante vers l'extérieur que vers l'intérieur.
[219] La sixième fosse du huitième cercle. Elle contient les hypocrites. Ils marchent lentement, le long de la fosse, portant de lourdes chapes de plomb dorées à l'extérieur.
[220] On prétendait que l'empereur Frédéric II punissait les coupables de lèse-majesté en les faisant envelopper dans une grosse feuille de plomb. On les mettait ensuite au feu, dans une chaudière, jusqu'à ce que le plomb fondu emportât par morceaux la chair du coupable. Il s'agit probablement d'une simple calomnie.
[221] Les Frères Joyeux appartenaient à l'Ordre de la Glorieuse Vierge Marie, fondé à Bologne en 1261, qui avait pour but la protection des faibles contre les puissants et la pacification des discordes civiles. On les appelait communément Joyeux ou Chapons du Christ, à cause de l'esprit je jouissance qui s'introduisit bientôt dans cet ordre. Catalano dei Malavolti (1210-1285), d'une famille guelfe de Bologne, et Loderingo degli Andalô (12107-1293), d'une famille gibeline de la même ville, furent ensemble podestats de Florence, pendant la trêve entre Guelfes et Gibelins (1266-1267). Ils furent accusés de partialité, et les troubles ne firent qu'augmenter pendant leur gouvernement.
[222] C'est à Gardingo, quartier central de Florence, que se trouvait la maison des Uberti, démolie après le départ des Frères Joyeux, par les Guelfes qui éliminèrent tout à fait les Gibelins de Florence; cf. note 93
[223] Le grand prêtre des juifs, Caïphe, qui conseilla la mort du Christ. Son beau-père, Anne, avait été le juge qui avait prononcé la sentence.
[224] La surprise dont témoigne Virgile n'est pas facile à expliquer. Certains commentateurs pensent que c'est parce qu'il n'avait pas vu les deux damnés, lors du premier voyage auquel l'avait obligé Erichto; mais les condamnés qu'il voit pour la première fois sont trop nombreux, pour que cette explication soit possible. D'autres (Della Giovanna) croient que c'est parce que le supplice de la croix est le seul genre de supplice qui ait été ajouté à ceux qu'il connaissait déjà. On remarquera que c'est la première fois que Virgile se laisse surprendre par une situation. Plus loin il est dit qu'il s'éloigne avec une certaine inquiétude – et l'on ne voit pas que celle-ci soit justifiée par ce qui suit.
[225] Au chant XX, 111, Malequeue avait expliqué à Virgile que le seul pont qu'il avait suivi jusqu'alors, pour traverser les fosses de la première à la cinquième, s'était effondré; mais qu'il y en avait d'autres plus loin, en état de servir. Maintenant, le Frère Joyeux lui fait comprendre que tous les ponts du sixième cercle sont effondrés: le diable avait donc menti.
[226] Le Verseau préside du 21 janvier au 21 février. Il signale pour nous le milieu de l'hiver. Il n'en était pas de même pour Dante et pour ses contemporains: à cause du décalage produit entre le calendrier et les saisons par l'approximation de 13 minutes par an, introduite par le calendrier de Jules-César (cf. Paradis, XXVII, 142), février se trouvait alors bien plus près de l'équinoxe de printemps qu'il ne l'est maintenant. C'est ce qui explique que Dante ne parle pas d'hiver, mais d'une saison plus clémente, entre l'hiver et le printemps. Les commentateurs modernes ne semblent pas l'avoir compris ainsi.