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Lettre 48. Ursule, à Fanchon.

[Edmond s’est battu pour elle avec le marquis.].

5 février.

Chère sœur! Edmond s’est battu le marquis est blessé, peut-être mort. Laure l’écrit à M. Gaudet. Ô Dieu! est-il possible! Cet étourdi! tout gâter, tout perdre! plus d’espoir! je sens que je regrette un homme… qui, au fond, ne m’aurait pas offensée, s’il ne m’eût pas aimée au-delà de toute expression! Annonce cette nouvelle avec ménagement, ou plutôt, n’en parle qu’à ton mari. Nous partons; et il sera temps d’instruire nos chers père et mère, quand nous aurons mis notre frère hors de péril, s’il est possible. Je le crois: son cas est le plus graciable de tous ceux qu’on peut imaginer, Mme Parangon et M. Gaudet le disent. Mais la pauvre dame est au désespoir.

M. Gaudet, lui, dit qu’Edmond lui taille diablement de besogne, et qu’apparemment son bon ange a pensé qu’il lui fallait un pareil ami, pour empêcher que le malin n’eût le temps de le tenter. Quant à moi, je suis tout à la fois très affligée, et fort en colère contre Edmond. Le marquis ne m’a jamais déplu, quoique je l’aie fait croire à cet étourdi pour écarter de lui certains soupçons: car on est bien embarrassée avec ces fous-là!… Je suis pourtant touchée de son amitié pour moi; je vois que Mme Parangon m’en veut un peu de lui être si chère: je le devine à quelques expressions. Comme la nature perce en dépit de la vertu la plus épurée!… Adieu, chère bonne amie sœur. Ne dis rien à nos père et mère: on me recommande de te le marquer.