– Que cela ne vous arrête pas: vous n’aurez rien à payer dans le logis où je prétends vous envoyer. Allez donc aux Réservoirs. Prenez la ruelle qui débouche juste en face. Arrêtez-vous devant la quatrième maison à gauche, frappez deux coups, et à celui qui viendra vous ouvrir, dites simplement que vous êtes envoyé par M. Jacques.
Là-dessus, M. Jacques fit un geste amical au chevalier, s’approcha de du Barry, le prit par le bras et l’entraîna vivement.
– Ah çà! êtes-vous fou, mon cher comte? lui dit-il. Vous venez déranger ce digne jeune homme juste au moment où il se dirige vers la maison!… Vous lui cherchez querelle! Vous me l’auriez blessé, tué peut-être!…
– Je le hais! gronda du Barry.
– Oui, je sais… Mais n’aurai-je donc jamais autour de moi que des hommes incapables de dominer leurs passions?… Attendez, que diable! Et quand il en sera temps, je vous livre le petit chevalier.
– Quand cela? fit avidement du Barry.
– Je vous le dirai. Jusque là, vous êtes alliés, vous devez le respecter. Il vous est sacré. Vous aviez déjà promis. Cette fois-ci, il me faut un serment…
– Je le jure, dit le comte après un instant d’hésitation.
– Bien! reprit M. Jacques sur un ton dur dont du Barry comprit parfaitement toutes les menaces pour le cas où il ne tiendrait pas la parole donnée.
Ce terrible personnage, qui semblait ainsi jongler avec la conscience des gens qui l’entouraient, reprit alors:
– Et Juliette?… Est-elle arrivée?…
– Depuis deux heures, elle est dans la maison de la ruelle aux Réservoirs.
– Parfait, mon cher comte… Avez-vous besoin de quelque argent?… Oui… Eh bien! passez chez moi ce soir… Et quant à Juliette, tenez-vous prêt à la conduire lorsque Bernis viendra vous prévenir…
Les deux hommes s’éloignèrent dans la direction de Versailles, M. Jacques tenant toujours du Barry par le bras.