XERXÈS.

Antistrophe III.

Tu excites mon amer regret de mes braves amis, tu les renouvelles en rappelant ces malheurs terribles. Mon cœur pousse des cris du fond de ma poitrine!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Et le Myriontarque Xanthès, chef des Mardes, et le brave Ankharès, et Diaixis, et Arsakès, chefs des cavaliers, et Kèdadatès, et Lythymnès, et Tolmos, insatiable de combats? Ils ont été ensevelis, mais sans chars abrités par des tentes et sans cortége!

XERXÈS.

Strophe IV.

Ils sont morts ceux qui étaient les chefs de l'armée!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Ils sont morts sans être honorés, hélas! malheur! ô malheur! ô daimones, vous nous avez accablés d'un mal inattendu et terrible, fait pour les regards d'Atè!

XERXÈS.

Antistrophe IV.

Nous avons été frappés d'un coup tel que nous n'en recevrons de notre vie!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Nous avons été frappés, cela est certain! Calamité inattendue, inouïe! Nous nous sommes heurtés pour notre malheur à la flotte des Iaônes! Cette guerre a été funeste à la race des Perses!

XERXÈS.

Strophe V.

Certes! Et j'ai été vaincu avec une telle armée!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Quoi! le grand royaume des Perses est-il donc détruit?

XERXÈS.

Ne vois-tu pas ce qui me reste de ma puissance?

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Je vois, je vois!

XERXÈS.

Ce carquois…

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

C'est ce que tu as sauvé, dis-tu?

XERXÈS.

Oui! cette gaîne de mes flèches.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

C'est peu sur tant de pertes!

XERXÈS.

Nous n'avons plus de défenseurs!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

La race des Iaônes est ardente au combat.

XERXÈS.

Antistrophe V.

Elle est très vaillante. J'ai subi une défaite inattendue.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Et tu dis que notre flotte a pris la fuite?

XERXÈS.

A cause de ce malheur j'ai déchiré mes vêtements.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Hélas! hélas!

XERXÈS.

Plus qu'hélas! Gémis plus encore!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Nos maux sont doubles et triples!

XERXÈS.

Lamentables pour nous, ils font la joie de nos ennemis.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Nos forces sont rompues!

XERXÈS.

Je n'ai plus de compagnons!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Tes amis sont engloutis dans la mer!

XERXÈS.

Strophe VI.

Pleure! pleure ma défaite! Rentre dans ta demeure.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Hélas, hélas! cette défaite!

XERXÈS.

Crie! réponds à mes cris!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Misérable consolation de leurs maux pour des malheureux!

XERXÈS.

Mêle ton chant lugubre au mien.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Hélas, hélas! Cette calamité terrible! Hélas! je gémis amèrement.

XERXÈS.

Antistrophe VI.

Frappe, frappe-toi! gémis sur mes maux!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Je pleure lamentablement.

XERXÈS.

Crie! réponds à mes cris!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Je le fais, ô maître!

XERXÈS.

Pousse de hautes lamentations.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Hélas, hélas! je multiplie les noires meurtrissures.

XERXÈS.

Strophe VII.

Frappe ta poitrine! chante l'hymne Mysien.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Douleur, douleur!

XERXÈS.

Arrache les poils blancs de ta barbe.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

A pleine main! très lamentablement!

XERXÈS.

Pousse de hautes clameurs.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

C'est ce que je ferai.

XERXÈS.

Antistrophe VII.

Déchire avec tes ongles les plis de tes vêtements.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Douleur, douleur!

XERXÈS.

Arrache tes cheveux! pleure sur l'armée!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

A pleine main! très lamentablement!

XERXÈS.

Baigne tes yeux de larmes.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

J'en suis baigné.

XERXÈS.

Épôde.

Crie donc! réponds à mes cris.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Hélas! hélas! hélas! hélas!

XERXÈS.

Rentre dans ta demeure en te lamentant.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Hélas! hélas! ô malheureuse terre Persique!

XERXÈS.

Hélas! dans toute la ville!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Certes, hélas! toujours, toujours!

XERXÈS.

Lamentez-vous en marchant lentement.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Hélas! hélas! Ô malheureuse terre Persique!

XERXÈS.

Hélas! hélas! hélas! mes nefs à trois rangs d'avirons! hélas! hélas! hélas! mes nefs sont perdues!

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Je te suis en poussant des gémissements lugubres!