Vous avez du  recourir aux forces

Ceґlestes? — Que m’importe! — Et

Que m’importe cette odeur de Nil

Qui vient de mes cheveux?

Moi — c’est mieux —, je vous raconte

Le conte: c’eґtait en janvier. Quelqu’un

A jeteґ une rose. Un moine masqueґ

Portait une lanterne. Une voix

Ivre, — priait et s’emportait,

Pre`s du mur de la catheґdrale.

Don Juan de Castille, alors,

Rencontra Carmen.

4

Il est minuit — juste.

La lune — un eґpervier.

— Tu regardes — quoi?

— Je regarde — c’est tout!

— Je te plais? — Non.

— Tu me reconnais? — Peut-e  tre.

— Je suis Don Juan.

— Et moi — Carmen.

5

Don Juan avait — une eґpeґe,

Don Juan avait — Dona Ana.

C’est tout ce que les gens m’ont dit

Du beau, du malheureux Don Juan.

Mais aujourd’hui, j’ai ruseґ:

A minuit juste, je suis alleґe sur la route.

Quelqu’un a marcheґ pre`s de moi,

Il reґpeґtait des noms.

Et une eґtrange crosse — blanchissait dans la brume...

— Don Juan n’a jamais eu — Dona Ana!

6

Et la ceinture de soie, — le serpent

Du paradis, — tombe a` ses pieds...

Et on me dit — Je me calmerai,

Un jour, la`-bas, sous la terre.

Je vois mon profil hautain et

Vieux, sur le brocard blanc.

Et quelque part — des gitanes — des guitares —

Et de jeunes hommes en manteaux noirs.

Alors, quelqu’un, cacheґ sous un masque:

— Reconnaissez-moi! — Je ne sais pas —

Reconnaissez-moi! —

Et la ceinture de soie tombe

Sur la place — ronde, comme le paradis.

Tu es sortie d’une catheґdrale auste`re et fine

Pour les criailleries de la place publique...

— Liberteґ! — La Belle Dame

Des marquis et des princes russes.

Voici, en cours, la terrible reґpeґtition

Du chur, — la messe continuera!

— Liberteґ! — Fille de joie

Sur la poitrine folle d’un soldat!

Embrasser sur le front — efface les soucis.

J’embrasse sur le front.

Embrasser sur les yeux — supprime l’insomnie.

J’embrasse sur les yeux.

Embrasser sur la bouche — donne a` boire.

J’embrasse sur la bouche.

Embrasser sur le front — efface la meґmoire.

J’embrasse sur le front.

Brumes Anciennes de L’Amour

1

Au-dessus des contours du cap noir —

La lune — chevalier dans son armure.

Sur le quai — haut de forme, fourrures,

Je voudrais: une actrice, un poe`te.

Vaste souffle du vent, —

Souffle des jardins du nord, —

Vaste souffle malheureux:

Ne laissez pas trai ner mes lettres.

2

Ainsi, les mains enfonceґes dans les poches,

Je suis la`, debout. La route bleuit.

— Aimer de nouveau, et quelqu’un d’autre?

Toi, tu pars, le matin to  t.

Chaudes brumes de la City —

Dans tes yeux. Eh bien, c’est ainsi.

Je me souviendrai — seulement ta bouche

Et ton cri passionneґ: — vivre!

3

Il lave le rouge le plus lumineux —

L’amour. Essayez un peu leur gou  t,

Elles sont saleґes — les larmes. J’ai peur,

Moi, demain matin — de me lever morte.

Des Indes, envoyez-moi des pierres.

Quand nous reverrons-nous? — En re  ve.

—Quel vent! — Salut a` l’eґpouse,

Et a` l’autre dame, — aux yeux verts.

4

Le vent jaloux fait bouger le cha  le.

Cette heure m’eґtait preґdestineґe, depuis toujours.

— Je sens, autour des le`vres et sur les paupie`res

Une tristesse presque animale.

Cette faiblesse le long des genoux!

— Ainsi la voila`, la fle`che divine! —

— Quelle lueur d’incendie! — Aujourd’hui

Je serai la farouche Carmen.

... Ainsi, les mains enfonceґes dans les poches,

Je suis la`, debout. — Entre nous, l’oceґan.

Au-dessus de la ville — brumes, brumes,

Brumes anciennes des amours.

Je me souviens du premier jour, la feґrociteґ des nouveaux-neґs,