Etroits, — les boucles des jeunes et la barbe des vieux,

Souleveґes par le vent des sie`cles.

Et la rumeur du sie`cle.

Et les bruits des fers, sous les sabots.

On frappe prudemment trois fois.

Tendre ennemi, ami peu su  r, — Tu

Ne me tromperas pas! Tu n’es pas un pe`lerin

Au terme de sa route. — C’est ainsi

Qu’on frappe au cur — pour l’amour.

C’est ainsi que l’Enfer noir

Baisse les yeux pour frapper au Paradis.

Je suis. Tu — seras. Entre nous — un gouffre.

Je bois. Tu as soif. S’entendre — en vain.

Dix ans, cent milleґnaires nous seґparent. —

Dieu ne ba  tit pas de ponts.

Sois! — C’est mon commandement.

Laisse-moi passer, je n’eґcraserai pas les jeunes pousses.

Je suis. Tu — seras. Dans dix printemps, tu diras:

— Je suis! Moi, je dirai: — C’est trop tard.

Je mourrai, et ne dirai pas: j’ai e ґ te ґ . Sans

Me plaindre, et sans chercher de coupables. Il est

Au monde des choses plus seґrieuses que les orages

Passionnels et les hauts faits de l’amour.

Toi, tu cognais de l’aile a` ma poitrine,

Jeune coupable de mon inspiration —

Moi — je te l’ordonne: — Sois!

Moi, et sans sortir de la soumission.

Ces mains, dont l’amoureux n’a pas besoin,

Servent — le Monde. Et la Lyre

Nous couronne de ce titre glorieux:

Epouse du Monde.

Beaucoup ne sont pas convieґs au festin royal, —

Il leur faut alors, pour tout souper, un chant!

L’amant n’est pas eґternel, le Monde est eґternel.

On ne le sert pas en vain.

La Blancheur menace la Noirceur.

Le temple blanc menace tombeaux et tonnerre.

Le juste pa  le menace Sodome, non pas

De son glaive — mais du lys de son bouclier!

Blancheur! Cercle symbolique!

Cuves baptismales! Cheveux blancs fatidiques!

Et les vilains reconnatront leur seigneur

A la fleur qui fleurit de ses mains.

Le loup — n’a peur que de l’agneau, et

La forteresse ne se rend qu’a` un ange.

Festoiements — dans les caves et les sentines!

Il gagne la capitale, le reґgiment blanc!

Ma journeґe, le deґsordre et l’absurde:

Au pauvre, je reґclame du pain,

Au riche, je donne, pour sa pauvreteґ!

J’enfile dans l’aiguille — une lueur,

Au voleur, j’offre — la clef,

Je mets du blanc sur ma pa  leur.

Le pauvre ne me donne pas de pain,

Le riche n’accepte pas mon argent,

La lueur ne passe pas dans l’aiguille.

Le voleur entre sans la clef,

Et l’idiote pleure a` chaudes larmes —

Ce jour sans gloire, ce jour inutile.

— Ou` sont les cygnes? — Et les cygnes sont partis.

— Et les corbeaux? — Et les corbeaux sont resteґs.

— Ou` sont-ils partis? — La` ou` sont les grues.

— Pourquoi sont-ils partis? — Pour ne pas perdre leurs

plumes.

— Et papa, ou` est-il? — Dors, dors, le Sommeil,

Sur son cheval des steppes va venir nous chercher. —

— Ou` nous emme`nera-t-il? — Sur le Don des cygnes,

— La`, j’ai, tu le sais! — un cygne blanc.

Les poe`mes poussent,

des eґtoiles,

des roses,

Et de la beauteґ

— inutiles pour la vie familiale.

Quant aux couronnes

et aux apotheґoses —

Une seule reґponse:

— d’ou` cela me vient-il?

Nous dormons —

et puis, au travers des dalles de pierre,

L’ho  te ceґleste

avec ses quatre peґtales.

O monde, comprends!

Le chantre — dans son sommeil —

Deґcouvre les lois de l’eґtoile

et la formule de la fleur — .

Chaque poe`me — un enfant de l’amour,

Un enfant eґternel, deґmuni de tout.

Un premier-neґ — poseґ pre`s

De l’ornie`re, en plein vent.

L’enfer au cur, l’autel au cur,

— Le paradis et la honte. — Qui

Est le pe`re? Un tzar, peut-e  tre?

Peut-e  tre un tzar — peut-e  tre un voleur.

Il nous faut courageusement l’avouer, Lyre!

Nous avions du gou  t pour les grands de ce monde:

Pour les ma  tures et les drapeaux, les eґglises, les tzars,

Les bardes, les heґros, les aigles et les vieillards,

Quand on jure fideґliteґ aux royaumes,

On ne confie pas le Pavillon a` tous les vents.

Tu connais le tzar — reste a` distance du piqueur!

La fideґliteґ nous tenait comme un grappin:

Fideґliteґ a` la grandeur — a` la faute — au malheur,