— Je souffre, gémissait le policier.

Un panneau de la porte céda sous l’effort et une balle tirée alla s’aplatir sur la muraille.

Fandor jugeait la situation désespérée. Dans quelques secondes la porte allait être enfoncée. Les forcenés se précipiteraient sur lui, sur Juve hors d’état de se défendre. Sur l’innocente victime coupable seulement d’être née fille de son père. Il se rapprocha d’Hélène.

Les deux jeunes gens attendaient.

— Rien à faire, n’est-ce pas ?

— Rien, à moins que la police n’arrive.

La fille de Fantômas leva les yeux au ciel, puis, désignant du geste de la main la porte qui, peu à peu pliait, menaçait de céder :

— Jurez-moi, Fandor, dit-elle, que lorsqu’ils entreront, votre premier coup de feu sera pour moi. Je ne veux pas tomber entre leurs mains.

Fandor ne répondit rien mais il se rapprocha de la jeune fille, ouvrit ses bras, la serra sur sa poitrine :

— Hélène, murmura-t-il, je vous aime, follement.

Les deux jeunes gens tressaillirent. Une balle venait de siffler à leurs oreilles. On entendit la voix de Bébé :

— Les salauds s’en payent. Ils nous ont même pas attendus.

Fandor et la fille de Fantômas rompirent, non sans avoir eu soin de mettre Juve toujours inanimé hors d’atteinte des balles meurtrières que les bandits tiraient à travers le panneau de la porte à demi fendue.

— Lui aussi, dit Fandor, en songeant à Juve, recevra le coup de grâce avant que les bandits soient arrivés jusqu’à lui.

Puis, brusquement, des imprécations. Les bandits font volte-face. La fusillade. Fandor s’écrie :

— La police. Nous sommes sauvés.

Et Fandor avait raison. En quelques secondes, les apaches se sont évanouis. Le mortellement des poings sur le bois de la porte s’est interrompu.

Juve, peu à peu, revenait à la vie, il s’asseyait lentement, mais à l’oreille de Fandor, la fille de Fantômas balbutiait :

— La police, mais alors mon père ?

Et la jeune fille avait pour le journaliste un regard douloureux et Fandor à ce moment, bien que Fantômas fût son plus mortel ennemi, aurait volontiers ordonné la mise en liberté du misérable.

Cependant, les policiers se rapprochent, on entend la voix de Léon qui parlemente de l’intérieur du sous-sol, avec les chefs de la brigade mobile convoqués depuis longtemps par Juve et qui arrivaient enfin.

Fandor, par l’embrasure d’une fenêtre, reconnaît un brigadier de ses amis.

— Qui vous a dit, hurle-t-il, qu’il y avait ici toute la bande des Ténébreux ?

— Parbleu, comme nous attendions à l’extérieur les ordres de M. Juve, le patron de l’établissement est accouru comme un fou. Vous savez bien le père Thorin, il nous a dit…

Mais Fandor n’écoutait plus.

— Soyez contente, Hélène, dit-il à celle qui se trouvait contre lui. Il est libre, encore une fois.

FIN