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– J'oubliais, monsieur Sanz: j'ai un petit conseil d'ami à vous donner. La prochaine fois que vous croiserez deux types en train de se taper dessus, passez votre chemin, ça vous évitera des ennuis.

La porte s'est refermée, l'ascenseur a commencé sa descente. Drôle de mentalité, le commissaire.

Je suis seul dans l'ascenseur. En un quart de seconde, le temps qu'une porte se ferme, je venais de passer de l'état de prisonnier, assuré de vivre les trois prochains mois, au moins, dans une cellule de quatre mètres carrés, à celui d'homme libre, dont l'avenir est grand ouvert. Je ne réalisais pas, j'étais comme mort, ou trop vivant, ivre, j'étais seul dans l'ascenseur.

La traversée de la salle du rez-de-chaussée fut un supplice. J'avançais tendu vers le paradis, au milieu des démons. La Peluche était là. Et une bonne quinzaine d'amis à lui. Ils me suivaient des yeux. À chaque pas, j'imaginais que je ne ferais pas le suivant. À chaque pas, je craignais que quelqu'un ne m'empoigne. Chaque mouvement autour de moi dans la salle me crispait. Mais à chaque pas, étrangement, je m'approchais de la sortie. Ils somnolaient mais n'allaient pas tarder à se rendre compte que j'étais un fuyard, que j'étais sur le point de m'évader – j'attendais qu'une alarme stridente retentisse. Le chasseur qui m'avait attrapé la veille se tenait non loin de la porte et me regardait venir. Je suis passé près de lui comme on passe sous une tuile qui vacille.