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– Non! répondit l’écolier. Pas une deuxième fois! Quand on a menacé ma vie une fois, je ne libère pas mon ennemi après avoir réussi à le mettre hors d’état de nuire.

– Si tu me rends la liberté, dit l’esprit, je te donnerai tant de richesses que tu en auras assez pour toute ta vie.

– Non! reprit le garçon. Tu me tromperais comme la première fois.

– Par légèreté, tu vas manquer ta chance, dit l’esprit. Je ne te ferai aucun mal et je te récompenserai richement.

L’écolier pensa: «Je vais essayer. Peut-être tiendra-t-il parole.» Il enleva le bouchon et, comme la fois précédente, l’esprit sortit de la bouteille, grandit et devint gigantesque.

– Je vais te donner ton salaire, dit-il. Il tendit au jeune homme un petit chiffon qui ressemblait à un pansement et dit:

– Si tu en frottes une blessure par un bout, elle guérira. Si, par l’autre bout, tu en frottes de l’acier ou du fer, ils se transformeront en argent.

– Il faut d’abord que j’essaie, dit l’écolier.

Il s’approcha d’un arbre, en fendit l’écorce avec sa hache et toucha la blessure avec un bout du chiffon. Elle se referma aussitôt.

– C’était donc bien vrai, dit-il à l’esprit. Nous pouvons nous séparer.

L’esprit le remercia de l’avoir libéré; l’écolier le remercia pour son cadeau et partit rejoindre son père.

– Où étais-tu donc? lui demanda celui-ci. Pourquoi as-tu oublié ton travail? Je te l’avais bien dit que tu ne t’y ferais pas!

– Soyez tranquille, père, je vais me rattraper.

– Oui, te rattraper! dit le père avec colère. Ce n’est pas une méthode!

– Regardez, père, je vais frapper cet arbre si fort qu’il en tombera.

Il prit son chiffon, en frotta sa hache et assena un coup formidable. Mais, comme le fer était devenu de l’argent, le fil de la hache s’écrasa.

– Eh! père, regardez la mauvaise hache que vous m’avez donnée! La voilà toute tordue.

Le père en fut bouleversé et dit:

– Qu’as-tu fait! Il va me falloir payer cette hache. Et avec quoi? Voilà ce que me rapporte ton travail!

– Ne vous fâchez pas, dit le fils; je paierai la hache moi-même.

– Imbécile, cria le vieux, avec quoi la paieras-tu? Tu ne possèdes rien d’autre que ce que je t’ai donné. Tu n’as en tête que des bêtises d’étudiant et tu ne comprends rien au travail du bois.

Un moment après, l’écolier dit:

– Père, puisque je ne puis plus travailler, arrêtons-nous.

– Quoi! dit le vieux. T’imagines-tu que je vais me croiser les bras comme toi? Il faut que je travaille. Toi, tu peux rentrer.

– Père, je suis ici pour la première fois. Je ne retrouverai jamais le chemin tout seul. Venez avec moi.

Le père, dont la colère s’était calmée, se laissa convaincre et partit avec son fils. il lui dit:

– Va et vends la hache endommagée. On verra bien ce que tu en tireras. Il faudra que je gagne la différence pour payer le voisin.

Le fils prit la hache et la porta à un bijoutier de la ville. Celui-ci la mit sur la balance et dit.

– Elle vaut quatre cents deniers. Mais je n’ai pas autant d’argent liquide ici.

– Donnez- moi ce que vous avez; vous me devrez le reste, répondit le garçon.

Le bijoutier lui donna trois cents deniers et reconnut lui en devoir encore cent autres. L’écolier rentra à la maison et dit:

– Père, j’ai l’argent. Allez demander au voisin ce qu’il veut pour sa hache.

– Je le sais déjà, répondit le vieux: un denier et six sols.

– Eh bien! donnez lui deux deniers et douze sols. Ça fait le double et c’est bien suffisant. Regardez, j’ai de l’argent de reste.

Il donna cent deniers à son père et reprit:

– Il ne vous en manquera jamais. Vivez à votre guise.

– Seigneur Dieu! s’écria le vieux, comment as-tu acquis une telle richesse?

L’écolier lui raconta ce qui s’était passé et comment, en comptant sur sa chance, il avait fait si bonne fortune. Avec l’argent qu’il avait en surplus, il repartit vers les hautes écoles et reprit ses études. Et comme, avec son chiffon, il pouvait guérir toutes les blessures, il devint le médecin le plus célèbre du monde entier.

La Fiancée du petit lapin

Il était une fois une femme avec sa fille qui avaient un beau jardin de choux. Un lapin y vint, à la saison d’hiver, et voilà qu’il leur mangeait tous les choux. Alors la femme dit à sa fille:

– Va au jardin et chasse-moi le lapin!

– Ouste! ouste! dit la fille. Petit lapin, tu nous boulottes tous les choux!

– Viens, fillette, dit le lapin, mets-toi sur ma queue de petit lapin et suis-moi dans ma chaumière de petit lapin.

La fille ne veut pas.

Le lendemain, revient le petit lapin qui mange encore les choux, et la femme dit à sa fille:

– Va au jardin et chasse-moi le lapin!

– Ouste! ouste! dit la fille. Petit lapin, encore tu nous boulottes nos choux!

– Viens, fillette, dit le lapin, mets-toi sur ma queue de petit lapin et suis-moi dans ma chaumière de petit lapin.

La fille ne veut pas.

Le surlendemain, voilà le petit lapin revenu, en train de boulotter les choux. Alors, la mère dit à sa fille:

– Va au jardin et chasse-moi le lapin!

– Viens, fillette, dit le lapin, mets-toi sur ma queue de petit lapin et suis-moi dans ma chaumière de petit lapin.

La fille s’assied sur le petit bout de queue du lapin, qui file au loin et la mène dans sa chaumière.

– Maintenant, fillette, fais bouillir le chou vert et le millet, je vais inviter les gens de la noce.

Et les invités de la noce arrivèrent tous ensemble. Mais qui étaient les gens de la noce? Je peux te le dire parce que c’est ce qu’on m’a raconté: les invités, c’étaient tous les lapins, et le corbeau y était venu aussi comme curé pour unir les époux, et le renard était le sacristain, et l’autel sous l’arc-en-ciel.

Mais la fillette se sentait triste: elle était toute seule.

Arrive le petit lapin, qui lui dit:

– Viens servir! Viens servir! Les invités sont gais!