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Lettre 29. Mme Parangon, à Ursule.

[Elle lui donne à entendre son malheur.].

Reçue une demi-heure après que la précédente eut été mise à la poste.

Ma très chère amie! Ce moment est le premier où je puis échapper au trouble le plus cruel! Ah! que de peines le sort nous cache, sous les fleurs trompeuses dont il sème la route de la vie!… Crains les hommes, ma chère Ursule, redoute-les, évite les moindres rapports avec eux! ce sont des tigres… Je viens d’en faire une expérience qui me désespère, et qui empoisonnera le reste de ma vie!… Ma tête est trop faible pour t’écrire longtemps: mais le désir en est dans mon cœur et dans ma tête, depuis l’instant fatal… Je me trouve soulagée, en te disant que je suis malheureuse; en t’avertissant de prendre garde à toi: hélas! ma chère fille, ta beauté t’expose plus qu’une autre à leurs cruelles poursuites; redoute-les, et dis à ma sœur de les redouter. Je vous embrasse toutes deux, et je voudrais ne vous avoir jamais quittées!

Ta tendre et malheureuse amie.