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Lettre 85. Laure, à Gaudet.

[Cette lettre, par son langage, découvre la trame de Gaudet.].

13 décembre.

URSULE sort de chez moi. D’après un conseil que je lui avais donné par écrit, elle est venue me voir: elle va disparaître avec Lagouache; n’est-ce pas ton avis! Mais il me semble que cela pourrait nuire aux vues sur le marquis, et aux projets que tu formes? Il est nécessaire que tu sois bientôt ici: car, à parler vrai, je ne vois pas la fin de tout cela. Elle en est folle, et je crois que tout est dit entre eux. N’était-ce pas là tout ce que tu prétendais! Va, je te réponds qu’elle est aguerrie à présent, pour recevoir tes insinuations! il ne s’agit plus que d’éteindre cette passion, ce qui, je crois, ne sera pas difficile. J’ai vu son automate; il y travaille lui-même: car il la traite fort lestement; mais l’expression est impropre, c’est grossièrement qu’il fallait dire. Elle en rit, et regarde cela comme des naïvetés charmantes. Il est avantageux qu’elle en rie; car si elle les prenait sérieusement bien, elle serait plus éloignée de sa guérison; mais elle les sent, puisqu’elle en rit, autant peut-être pour les excuser aux autres qu’à elle-même. Je deviens profonde, comme tu vois, depuis que tu m’as appris à chercher les causes de tout. Maman va mieux, sans être bien. Moi, je m’ennuie: les amis d’ici ne sont pas récréatifs, avec tout ce qu’il faudrait pour l’être. Edmond, par exemple, sera charmant, quand il n’aura plus d’inquiétudes pour sa sœur. Tire-le de ce mauvais pas. Réponse, et viens; à moins que tu ne fusses aussitôt arrivé qu’une réponse.