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– Ce n'était pas très malin de ta part, aussi. T'es sorti depuis quatre heures et…

– Pas malin? Pourquoi? Quoi?

J'ai reconnu qu'il n'avait pas eu de chance.

– Je crois que j'ai le mauvais œil, tu sais, a-t-il dit en m'en lançant un, d'œil, triste.

– SANZ HALVARD!

Une voix de fonctionnaire a crié mon nom du haut de l'escalier, de la surface de la terre, du royaume inaccessible de la vie. Un flic paisible en est descendu, l'air enjoué – sans doute une trace des blagues avec les copains, là-haut.

– Sanz Halvard, qui c'est?

C'était moi. Oui, Sanz Halvard, L'élu. Celui qu'on venait chercher. Je me suis levé du banc, enveloppé d'euphorie gazeuse, comme lorsque à l'école le professeur révélait enfin le nom de l'auteur de la meilleure copie. Je souriais debout, ivre de m'appeler Sanz Halvard.

– C'est moi.

– Hein? a fait Elvis.

– Quoi? Oui, oui, c'est moi, Jean-Pierre Sansalvar.

J'ai fait quelques pas vers mon avenir, et pendant que l'agent ouvrait la grille (c'est drôle comme un même bruit exactement, le petit chaos métallique d'une clé qui fouille dans une serrure grossière, peut paraître tantôt lugubre, tantôt magnifique, le même), je me suis tourné une dernière fois vers mon Elvis.

– Salut, Elvis. À un de ces jours. Bonne chance.

– Mouais.

Le flic a refermé, engrillageant le visage large et buté d'Elvis. Ensuite, il m'a passé les menottes. En un éclair sec et autoritaire, clac je te ligote, je te tiens. Un dur, ce gars-là.

– Bonne chance, a fait Elvis.