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Farnèse n’avait été que la lâcheté… lui, il était l’horreur!…

Le laquais noir vint ouvrir, le reconnut à l’instant et lui sourit.

– Je veux voir monseigneur, dit Claude.

– Montez, répondit le laquais.

Claude passa et se mit à monter rapidement le large escalier. À ce moment l’espion qui l’avait suivi pas à pas entra à son tour dans la maison, et sans dire un mot au valet noir pénétra dans la loge, tandis que la porte du dehors était refermée. Là une troupe pareille à celle qui avait arrêté Farnèse attendait. Sans doute ces gens étaient là depuis le moment où Fausta avait écrit au cardinal. Ils étaient sept ou huit. L’espion leur fit un signe et ils le suivirent.

Claude était arrivé à la porte de cette vaste salle où il avait attendu avec Farnèse. Il entra. À l’instant où, pensif, il franchissait cette porte, il se sentit brusquement saisi par les bras. Il eut à peine le temps de voir les gens qui l’entouraient; dans le même instant, il se trouva dans une profonde obscurité: un sac d’épaisse toile venait d’être jeté sur sa tête.

Claude était doué d’une force formidable. Il ne poussa pas un cri, ne dit pas un mot, mais d’un terrible roulis des épaules, pareil au sanglier coiffé qui secoue les chiens, il se débarrassa de l’étreinte; en même temps, il étendait au hasard ses deux mains; les deux mains, pinces effrayantes, saisirent deux gorges; un double râle bref, un double craquement de muscles broyés, et deux masses tombèrent.

Mais si rapide qu’eût été ce mouvement, il avait suffi aux assaillants pour lier le sac autour du cou. Claude, privé de lumière, continua sa lutte silencieuse. Il manœuvrait son poing comme une masse, et lorsque cette masse rencontrait un crâne, l’homme tombait…

Tout à coup, Claude trébucha, s’affaissa… On venait de lui passer un nœud coulant autour des jambes, et une forte secousse sur la corde lui avait fait perdre l’équilibre.

Claude étendu, les jambes liées, aveugle, essaya une résistance suprême. Il sentit qu’on le piétinait, qu’on montait sur sa poitrine, que l’un après l’autre ses bras puissants étaient empoignés, ligotés… et enfin, il se trouva dans l’impossibilité de faire un geste. Autour de lui, il entendait des râles d’agonisants, les souffles rauques et les paroles hors d’haleine des survivants… il comprit qu’il avait dû en tuer ou blesser cinq ou six…

Il demeura immobile, et sa pensée se reporta vers Violetta… Puis, tout tourbillonna dans sa tête; il s’aperçut qu’il allait s’évanouir… mourir peut-être. Il n’entendait plus rien autour de lui. Il y avait eu des allées et venues, des échanges de mots à voix basse… puis on l’avait laissé là… Claude se raidit dans un effort insensé pour rompre les liens de ses mains. Et dans ce dernier effort, il perdit le sens des choses.