Институт парламентаризма и предпринимательства
В.Н. Конобеев
Франция: Общественно-политические реалии.
(учебное пособие по лингвострановедению)
Минск, 2004
Institut du parlamentarism et du business
Vladimir Konobeyev
France:
des réalités sociales et politiques
Minsk-2004
Premiиre partie
Signes sociaux-culturels
1. Autonomie. Elle fut trop longtemps sacrifiée. La pretention du politique, vite contagieuse, a vouloir fabriquer le bonheur,sans trop se soucier de l'avis de ceux dont il se préoccupait ainsi, a fait de l'autonomie une non-valeur, au mieux une valeur seconde.
Chacun y a sa part de responsabilité. Au gouvernement par une élite, que la droite a toujours implicitement voulue, la gauche opposait l'exigence du collectif, même si sa finalité était la libération de l'individu. Si antagonistes soient-elles, ces deux conceptions se rejoignent au moins en cela qu'elles font peu de cas — et souvent pas du tout — du libre arbitre de chacun. Il est présumé stupide ici, et là illégitime : l'exercice d'une volonté propre doit s'incliner devant le chef ou bien le groupe.
II a fallu le double enseignement d'expériences douloureuses d'une part, et des moyens modernes de communication et d'action d'autre part, pour que tout ce qui compose notre société, enfin, puisse faire valoir son droit à l'autonomie. Autonomie du tissu social à l'égard de l'État, de l'entreprise à l'égard de l'administration, d'une collectivité petite à l'égard d'une plus grande, et de l'individu à l'égard du groupe. Autonomie croissante, surtout de la femme à l'égard des règles et coutumes encore trop souvent patriarcales qui nous régissent.
Reste maintenant à en tirer les conséquences. Elles sont dans l'équilibre délicat entre la définition conjointe des règles du jeu social et l'exercice du libre arbitre, qu'il soit celui de la personne, du groupe, d'un atelier, d'une entreprise ou d'une collectivité locale.
Les années récentes nous ont efficacement vaccinés contre les excès de l'étatisme puis contre ceux du libéralisme.
L'autonomie libère les énergies, permet à chacun de trouver sa
motivation propre. Mais plus cette autonomie est importante, plus
doit l'être également son corollaire : la responsabilité.
2. Chômeurs Quels que soient le sérieux et l'efficacité d'une politique en faveur de l'emploi la vérité oblige à dire que le nombre des chômeurs ne peut diminuer brutalement. La foi dans les miracles s'est dissipée, ce qui était un préalable aux efforts nécessaires, mais nous crée des obligations collectives.
Il est une chose contre laquelle l'esprit se révolte: qu'en France, à la fin du xxe siècle, il soit des gens privés de ressources et sujets à la grande pauvreté. Parce qu'ils ont perdu un emploi, ou n'ont jamais pu en trouver un, parce que les droits qui leur étaient ouverts ont pris fin, ils se trouvent privés de l'essentiel, souvent aussi de l'espoir de le reconquérir un jour.
La vie professionnelle de l'avenir ne sera sans doute plus aussi linéaire que celle qu'on a connue. Les phases de travail actif au sein d'une entreprise alterneront, de plus en plus, avec des phases de formation, de recyclage, de reconversion, voire d'inactivité relative. Et l'on changera d'entreprise de manière tout à fait habituelle.
Le problème n'est donc pas de prétendre offrir à tous un déroulement de carrière identique à celui que nous avons vécu jusqu'à une époque récente. Il est d'apporter à chacun la garantie que, s'il se trouve momentanément écarté du travail salarié, il ne soit cependant privé ni de ressources ni d'espoir de retour.
Cest à cela principalement que tient idée de minimum social garanti. Elle fait son chemin. Mais elle pose tant de problèmes qu'on ne voudrait pas d'une adhésion généreuse mais irréfléchie.
Le problème premier est évidemment celui du financement. Pour assurer à chaque ménage un revenu égal seulement à la moitié du SMIC, augmenté en fonction du nombre de personnes à charge, le coût s'élèverait, selon le détail des formules, de 5 à 8 milliards de francs par an.
Comment oublier que c'est, à peu près, le rendement qu'apportait avant sa suppression l'impôt sur les grandes fortunes ? Cela ne signifie nullement que ce financement doive se trouver seulement auprès des plus gros contribuables. Mais cela donne une référence utile : pour cette action, qui est prioritaire, les ressources indispensables peuvent et doivent être mobilisées.
Deuxième problème naturellement évoqué : l'instauration d'un minimum social donnerait l'habitude de l'assistance au lieu du goût du risque. Il n'y a pas de chômeurs heureux, du moins durablement.
La troisième objection tient à la crainte de voir se développer une nouvelle bureaucratie. Les réseaux communaux d'aide sociale sont parfaitement adaptés à la gestion d'un tel système, même s'il est clair que son financement doit être réparti entre la commune, le département, la région et l'État. Mieux que quiconque, les communes peuvent connaître les bénéficiaires des prestations et s'assurer de leurs droits. Mieux qu'à un autre niveau, les administrés peuvent vérifier par eux-mêmes la bonne utilisation des fonds recueillis grâce à leur solidarité.
Enfin, cette mesure serait d'autant plus efficace et d'autant moins coûteuse à terme qu'elle permettrait aux traitements économique et social du chômage de se compléter et se renforcer mutuellement : un chômeur auquel le minimum social ouvre la voie d'une formation est un chômeur qui accroît ses chances de retrouver un travail productif et d'élever la richesse nationale au lieu de peser sur elle.
3. Нôpital De la maison des pauvres, qui demandaient soins et assistance, à l'hôpital moderne, centre des techniques médicales de pointe, moins de cinquante années se sont écoulées. Moins de cinquante années durant lesquelles s'est créée la Sécurité sociale, durant lesquelles des personnels hautement qualifiés se sont substitués aux ordres religieux, durant lesquelles sont entrés en force dans l'exercice de la médecine les disciplines scientifiques et techniques et les équipements sophistiqués auxquels elles ont donné naissance, durant lesquelles, encore, le nombre des salariés a été multiplié par dix.
Cette croissance hospitalière, comme d'autres, fut financée par la croissance économique. Celle-ci n'est plus à la mesure de celle-là.
Les gouvernements de gauche ont introduit des réformes saines dans le financement, que leurs successeurs ne remettent pas en cause mais dont ils retardent l'aboutissement.
Pour l'avenir, l'essentiel n'est pas a priori de réduire ou d'augmenter les dépenses ; il est de justifier leur utilisation. L'essentiel n'est pas d'appliquer des textes, de se figer dans des nomenclatures ; il est de rendre des services médicaux à une population qui aspire à vivre mieux et plus longtemps.
Voilà pourquoi il faut donner une autonomie plus grande aux gestionnaires hospitaliers, en l'assortissant, en contrepartie, de techniques mieux éprouvées de contrôle a posteriori.
Pour chaque établissement, l'autorité de tutelle devra procéder, tous les trois ans, à un examen systématique de l'activité. Pour cela, il faut utiliser, dans le public comme dans le privé, les instruments existants qui permettent de connaître le coût des services et des pathologies traitées.
Les personnels hospitaliers, le corps médical en particulier, doivent savoir qu'une bonne gestion conditionne leur mieux-être. Chacun doit également savoir que l'universalisme de la Sécurité sociale — principe éthique en même temps que bienfait économique — est le plus efficace, non seulement pour la population mais aussi pour les professions médicales et pour les employeurs, comme le démontrent de nombreux exemples (ou contre-exemples) étrangers.