Ni pleureґ avec moi

Sur ma poupeґe briseґe.

Tous mes oiseaux — pour la partance

Il les la  chait — puis — l’eґperon nerveux,

Sur son cheval rouge — entre les monts bleus

De la deґba  cle fracassante.

— Oh! les pompiers! Partout c  a hurle!

Lueur du feu — partout c  a hurle!

— Oh! les pompiers! L’a  me qui bru  le!

Pas la maison, qui bru  le?

La cloche d’alarme hulule.

Vas-y, balance-le, ton bulbe,

O cloche d’alarme! Pullulent

Les flammes! L’a  me bru  le!

Dansant des ravages du beau,

Aux gerbes rouges des flambeaux

J’applaudis — je bondis — rugis,

De moi l’eґclair — jaillit.

Qui m’a tireґe d’ou` c  a crache et gronde?

Quel aigle m’a ravie? — Je m’y perds.

J’ai sur moi une chemise — longue —

Avec un rang de perles.

Clameur du feu, cliquetis de vitres...

Sur chaque visage, au lieu d’orbites —

Deux brasiers luisent! — les lits s’eґplument!

On bru  le! On bru  le! On bru  le!

Craque donc, milleґnaire bahut!

Crame, toi — magot, masseґ, reclus!

Ma maison: souveraine au-dessus.

Que souhaiter de plus?

Oh! les pompiers! — Que le feu redouble!

Fronts peintureґs d’or, tous — au fourneau!

Incendie: oh! tiens debout, debout!

Que croulent les poteaux!

Soudain quoi — a crouleґ — si soudain!

Un poteau? — Pas crouleґ!

Vers le ciel — fol appel de deux mains —

Et le cri: Ma poupeґe!

Qui — me suivant — galope, deґvale,

Me jetant un il-juge?

Qui — me suivant — roule d’un cheval

Rouge — a` la maison rouge?

Un cri. De ceux qui passent le mur

Du cri. La foudre, et lui:

Brandit la poupeґe comme une armure,

Droit comme l’Incendie.

Tsar dresseґ parmi les feux fugaces,

Et son front se laboure.

— Je te l’ai sauveґe, — a` preґsent: casse!

Et libe`re l’Amour!

Soudain quoi — a crouleґ? Pas le monde,

Non! Lui n’a pas crouleґ!

Mais deux mains — suivant — l’eґquestre, montent

D’une enfant — sans — poupeґe.

Cruelle lune — aux volets s’ache`ve.

Voila` mon premier ra  ve.

Enlaceґs rudement.

Plus bas: bruit du torrent.

Monte a` nos pieds leґgers

De l’eґcume envoleґe.

Enlaceґs sans murmure:

Les colonnes d’eґcume!

Je suis tous ses harems,

Il est tous mes emble`mes.

Brusque entrelacs d’eґpaules:

Flanc contre flanc, et paumes...

A nos pieds deґchausseґs

L’eґcume vient mousser.

— Du pont... Chiche! Et sur l’heure!

Que j’y lance une fleur...

Il voit — et — simplement

D’un bond — dans le torrent!

Est-ce le pont, ou bien moi — qui tremble?

Sang ou vague — en eґmoi?

Glaceґe, je regarde — sans comprendre

Ma vie — qui se noie.

Qui soudain — d’un grand geste de cape

Me jeta — vers les cieux?

Qui soudain — rutilant, fit qu’eґclate

Flamme rouge — en feu bleu?!

L’eґclat. Du gouffre triomphe un son:

Lui, d’un saut — souplement

Soule`ve le corps comme un poisson

Droit comme le Torrent.

Tsar dresseґ parmi les flots pointus,

Et son front se laboure.

— Je te l’ai sauveґ, — a` preґsent: tue!

Et libe`re l’Amour!

Soudain quoi — s’est rueґ? Pas la trombe,

Non! Nulle intempeґrie!

Mais deux mains — suivant — l’eґquestre, montent

D’une — sans — son ami!

Noir mareґcage — aux volets s’ache`ve.

Voila` mon nouveau re  ve.

Nuit pourchassante — et pas d’autre voie:

Le sang durcit.

Fils! Creґation de ma hanche, toi, —

Guide, conduis!

Brave, en avant! — L’Esprit des Montagnes

Est un, nous — deux.

Seuls l’aigle ici et l’aurore gagnent.

Nous — parmi eux.

L’ouragan! — Les dieux repartiront,

L’aigle en a peur...

Plus haut, l’aneґ! — Ces hauts lieux seront

Notre hauteur!

Rongeant la poussiе`re d’ici-bas,

J’enfante un fils —

Et la Foudre Divine s’abat:

L’aigle l’a pris!