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Le roi Renaud (Complainte du…)

XVe.

autres interprètes: Yvette Guilbert, Yves Montand (1955), Edith Piaf, Cora Vaucaire, Colette Renard, Armand Mestral, Pierre Bensusan

note: cf. bas de page

Le roi Renaud de guerre vint
tenant ses tripes dans ses mains.
Sa mère était sur le créneau
Qui vit venir son fils Renaud.
– Renaud, Renaud, réjouis-toi!
Ta femme est accouché d'un roi!
– Ni de ma femme ni de mon fils
Je ne saurais me réjouir.
Allez ma mère, partez devant,
Faites-moi faire un beau lit blanc.
Guère de temps n'y resterai:
A la minuit trépasserai.
Mais faites-le moi faire ici-bas
Que l'accouchée n'l'entende pas.
Et quand ce vint sur la minuit,
Le roi Renaud rendit l'esprit.
Il ne fut pas le matin jour
Que les valets pleuraient tous.
Il ne fut temps de déjeuner
Que les servantes ont pleuré.
– Mais dites-moi, mère, m'amie,
Que pleurent nos valets ici?
– Ma fille, en baignant nos chevaux
Ont laissé noyer le plus beau.
– Mais pourquoi, mère m'amie,
Pour un cheval pleurer ainsi?
Quand Renaud reviendra,
Plus beau cheval ramènera.
Et dites-moi, mère m'amie,
Que pleurent nos servantes ici?
– Ma fille, en lavant nos linceuls
Ont laissé aller le plus neuf.
Mais pourquoi, mère m'amie,
Pour un linceul pleurer ainsi?
Quand Renaud reviendra,
Plus beau linceul on brodera.
Mais, dites-moi, mère m'amie,
Que chantent les prêtres ici?
– Ma fille c'est la procession
Qui fait le tour de la maison.
Or, quand ce fut pour relever,
A la messe elle voulut aller,
Et quand arriva le midi,
Elle voulut mettre ses habits.
– Mais dites-moi, mère m'amie,
Quel habit prendrai-je aujourd'hui?
– Prenez le vert, prenez le gris,
Prenez le noir pour mieux choisir.
– Mais dites-moi, mère m'amie,
Qu'est-ce que ce noir-là signifie?
– Femme qui relève d'enfant,
Le noir lui est bien plus séant.
Quand elle fut dans l'église entrée,
un cierge on lui a présenté.
Aperçut en s'agenouillant
La terre fraîche sous son banc.
– Mais dites-moi, mère m'amie,
Pourquoi la terre est rafraîchie?
– Ma fille, ne puis plus vous le cacher,
Renaud est mort et enterré.
– Renaud, Renaud, mon réconfort,
Te voilà donc au rang des morts!
Divin Renaud, mon réconfort,
Te voilà donc au rang des morts!
Puisque le roi Renaud est mort,
Voici les clefs de mon trésor.
Prenez mes bagues et mes joyaux,
Prenez bien soin du fils Renaud.
Terre, ouvre-toi, terre fends-toi,
Que j'aille avec Renaud, mon roi!
Terre s'ouvrit, terre se fendit,
Et ci fut la belle engloutie

Note: Ceci n'est qu'une des très nombreuses versions (environ 60) de cette chanson.

Son origine est assez complexe. Elle est issue de la greffe d'une

chanson du XIIIème siècle qui raconte le retour du comte Renaud sur une

chanson du XVIème (le comte Redor) issue d'une légende scandinave qui a

fait fureur en Europe et engendré de nombreux textes dans divers pays.

L'un de ces textes est "le Comte Redor" en Bretagne qui est sans

doute à l'origine de la fusion (car il y a peut être des versions dérivées).}

Le rosier

Paroles: De Leyre. Musique: Jean-Jacques Rousseau

Je l'ai planté, je l'ai vu naître
Ce beau rosier où les oiseaux
Viennent chanter sous ma fenêtre,
Perchés sur ses jeunes rameaux.
Joyeux oiseaux, troupe amoureuse,
Ah! Par pitié ne chantez pas!
L'amant qui me rendait heureuse
Est parti pour d'autres climats.
Pour les trésors du Nouveau Monde
Il fuit l'amour, brave la mort.
Hélas! Pourquoi chercher sur l'onde
Le bonheur qu'il trouvait au port?
Vous, passagères hirondelles
Qui revenez chaque printemps,
Oiseaux voyageurs, mais fidèles,
Ramenez-le moi tous les ans.

Le sacre de Napoléon

1804

note: sur l'air de "Catiau dans son galetas"

J'entendons ronfler l'canon
Y g'na plus à s'en dédire
On couronne Napoléon
Empereur de ce bel empire:
Ça nous promet pour l'avenir
Ben du bonheur et du plaisir;
Sur le décret du Sénat,
La France s'est prononcée;
C'est comme si l'conseil d'État
Avait d'viné not' pensée,
Car depuis quatre ans, dans notre cœur,
Napoléon est l'empereur.
Je prenons la liberté
De v'nir sans cérémonie,
Pour trinquer à sa santé
Sans oublier sa tendre amie,
Dont il doit être ben jaloux,
Car tout l'monde l'aime autant que nous.
Mais s'il faut nous en taper
À l'av'nant qu'il est grand homme,
Je n'trouv'rons pas d'quoi lamper,
Car y gn'a pas assez d'rogomme
Dans la France, ni dans l'pays
Que sa valeur nous a conquis
J'vois qu'nous cherchons vainement
Sur c'front qu'la Gloire environne
Un petit coin seulement
Pour y placer la couronne
Les lauriers, du haut en bas,
Le lui couvrent: quel embarras!
Cet habit et ce manteau
Parguenn'! lui vont à merveille
Mais c'qu'est encor ben plus beau,
C'est qu'chacun s'dit à l'oreille
Voyant c'front victorieux:
D'honneur, il était fait pour eux!
Qu'ils viennent, ces engueseux
Dire qui gn'a pas d'Providence;
Après l'état malheureux
Dont il a su tirer la France
J'répondrons: "R'gardez l'Empereur"
Ils seront forcés d'croire au sauveur.
Avec nos petits enfants
Puissions-nous, de c't'onze frimaire
Célébrer, dans cinquante ans
Le glorieux anniversaire,
Et chanter à l'unisson:
"Vive le grand Napoléon!"