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Le couteau

Paroles: Théodore Botrel 1900

autres interprètes: Eugènie Buffet, Fred Gouin, Louis Lynel, Aimé Doniat, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, André Claveau, Serge Kerval, Jack Lantier

Pardon, monsieur le métayer
Si de nuit je dérange,
Mais je voudrais bien sommeiller
Au fond de votre grange?
Mon pauvre ami, la grange est pleine
Du blé de la moisson,
Donne-toi donc plutôt la peine
D'entrer dans la maison!
Mon bon monsieur, je suis trop gueux,
Quel gâchis vous ferais-je!
Je suis pieds nus, sale et boueux
Et tout couvert de neige!
Mon pauvre ami, quitte bien vite
Tes hardes en lambeaux:
Pouille-moi ce tricot, de suite
Chausse-moi ces sabots!
De tant marcher à l'abandon
J'ai la gorge bien sèche,
Mon bon monsieur, baillez-moi donc
Un grand verre d'eau fraîche!
L'eau ne vaut rien lorsque l'on tremble,
Le cidre… guère mieux:
Mon bon ami, trinquons ensemble,
Goûte-moi ce vin vieux!
Mon bon monsieur, on ne m'a rien
Jeté le long des routes,
Je voudrais avec votre chien
Partager deux, trois croûtes!
Si depuis ce matin tu rôdes,
Tu dois être affamé
Voici du pain, des crêpes chaudes,
Voici du lard fumé!
Chassez du coin de votre feu
Ce rôdeur qui ne bouge.
Etes-vous "Blanc"? Etes-vous "Bleu"?
Moi, je suis plutôt "Rouge"!
Qu'importent ces mots: République,
Commune ou Royauté":
Ne mêlons pas la Politique
Avec la charité!
Puis, le métayer s'endormit,
La minuit étant proche.
Alors, le vagabond sortit
Son couteau de sa poche.
L'ouvrit, le fit luire à la flamme,
Puis, se dressant soudain,
Il planta sa terrible lame
Dans… la miche de pain!
Au matin jour le gueux s'en fut
Sans vouloir rien attendre
Oubliant son couteau pointu
Au milieu du pain tendre:
Vous dormirez en paix, ô riches!
Vous et vos capitaux,
Tant que les gueux auront des miches
Où planter leurs couteaux!

Le fiacre

Paroles et Musique: Léon Xanrof 1888

autres interprètes: Félicia Mallet, Yvette Guilbert (1898), Jean Sablon (1939), Barbara, Lina Margy, Germaine Montéro (1960), Georges Brassens (1980)

note: Cette chanson fût remise au goût du jour sur un tempo swing par Jean Sablon en 1939

Un fiacre allait, trottinant
Cahin, caha,
Hu, dia, hop là!
Un fiacre allait, trottinant
Jaune, avec un cocher blanc
Derrière les stores baissés
Cahin, caha,
Hu, dia, hop là!
Derrière les stores baissés
On entendait des baisers
Puis une voix disant "Léon!"
Cahin, caha,
Hu, dia, hop là!
Puis une voix disant "Léon!
Pour… causer, ôte ton lorgnon!"
Un vieux monsieur qui passait
Cahin, caha,
Hu, dia, hop là!
Un vieux monsieur qui passait
S'écrie "Mais on dirait qu' c'est
Ma femme avec un quidam!
Cahin, caha,
Hu, dia, hop là!
Ma femme avec un quidam!"
Y s' lance sur le macadam
Mais y glisse su' l' sol mouillé
Cahin, caha,
Hu, dia, hop là!
Mais y glisse su' l' sol mouillé
Crac! il est écrabouillé
Du fiacre une dame sort et dit
Cahin, caha,
Hu, dia, hop là!
Du fiacre une dame sort et dit:
"Chouette, Léon! C'est mon mari!
Y a plus besoin d' nous cacher,
Cahin, caha,
Hu, dia, hop là!
Y a plus besoin d' nous cacher
Donne donc cent sous au cocher!"

Le gardien de phare

Paroles: Georges Pierre Moreau. Musique: Georges Stalin 1936

Le phare se dressait comme un "I"
Au large des côtes bretonnes
L'océan beuglait jour et nuit
Comme une vache qui moutonne!
Les coups d'mer tonnaient un à un
Avec un bruit de canonnade
Le vent d'norois chargé d'embruns
Postillonnait sa sérénade
Et les goélands aux abois
Goëlaient comme des putois!
Le gardien était jeune et beau
Il vivait seul. Pour se distraire
Il attrapait les bigorneaux
Au lasso… c'était sa manière
Et quand les ténèbres tombaient
Alors il allumait son phare
Et les pêcheurs, au loin, pensaient:
Le gardien à l'jeu quelque part
Et les courlis dans leur dodo
Courlissaient viv'ment les rideaux!
Or un soir, seul dans son grand lit
Il contemplait avec tristesse
La grosse lanterne, et il se dit:
C'qui manque ici, c'est une négresse!
Il en trouva une rapidement
Et ce fut un très beau mariage
La négresse était tout en blanc
Avec un lys à son corsage,
Et les homards sortant d'leurs trous
S'homaraient comme des p'tits fous!
Mais bientôt jaloux, fou furieux,
Il la saisit, ce fut atroce
D'un seul coup il lui fit trois bleus
Et d'un autre, il lui fit trois gosses!
Puis saisissant à bras le corps
Sa petite femme en bois d'ébène
Il la balança par-dessus bord
En s'écriant: La mer est pleine
Et les morues, qu'avaient les foies
Moururent de peur toutes à la fois!
Mais stupeur le lendemain les flots
Etaient noirs… sitôt tout le monde
Pensa: C'est la faute aux bateaux
Qui jettent leur… ancre dans l'onde!
La vérité, moi j'vous l'apporte
Notre négresse c'est notoire
Avait déteint et… la mère morte
Flottait maintenant dans la mer noire
Et le gardien désespéré
Se jeta… dans les mots croisés!