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Lettre 65. Ursule, à Mme Parangon.

[Elle se doute de la supercherie.].

30 juillet.

Voilà, très chère amie, une lettre que Laure m’écrivit il y a trois jours: je vais ensuite vous faire part de la conversation que j’ai eue avec M. Gaudet. Mais lisez d’abord la lettre de Laure. L’ami de mon frère est venu sur les quatre heures.» À quand le mariage? – Je l’ignore; on n’en dit mot. – Si, l’on en parle fort chez M. le comte de***: tout le monde le désire, et vous en êtes la maîtresse. – Je ne vous cacherai pas que j’en suis ravie. – Cela est fort naturel! Comment vous proposez-vous de vous conduire? – Mais d’accepter tout uniment. – C’est un parti sage: ce mariage devrait être fait! – je le pense! J’accepterai le marquis; je le dois à présent. – Certainement, c’est un devoir, à cause de votre fils, et vous devez vous sacrifier. – C’est bien un sacrifice, je vous assure! C’est aussi, je crois, ce qu’il faudra faire sentir vivement! – je n’y manquerai pas. – Il serait délicieux de désespérer le marquis, en le refusant… au moins d’abord? – C’est ce que je me propose. – À votre place, je n’accepterais qu’avec M. le comte en particulier? – Cette idée est excellente, et je veux en profiter. – je lui ferais entendre, que c’est autant par le respect qu’il m’inspire, et la haute considération que j’ai pour lui, que pour l’intérêt de mon fils? – C’est justement ce que j’avais pensé. – Nous sommes d’accord; parce qu’en effet la raison dicte cette conduite, dans la position où vous êtes», etc. Mon amie, ne se pourrait-il pas que M. Gaudet et Laure eussent des vues particulières, pour faire échouer le projet de mon mariage? je leur trouve un air en dessous depuis quelque temps. J’ai résolu de les attraper (si tant est qu’ils me trompent), et d’accepter, après quelques difficultés assez vives. Votre avis là-dessus, je vous prie?

P.-S. – je crois cependant que je les soupçonne à tort. Quel serait le motif de M. Gaudet, par exemple? Pour Laure, peut-être un peu d’envie… Encore, elle est ma cousine, et mon mariage lui fera plus de bien que de mal. Je crois que je suis soupçonneuse? J’en serais fâchée; cela marquerait que je suis méchante, et que je juge les autres d’après moi.