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Lettre 101. Réponse.

[La marquise répond sur le même ton aux impudences de ma pauvre sœur.].

le lendemain.

Voilà, je vous assure, mademoiselle, la correspondance la plus extraordinaire qui se soit jamais ouverte entre deux femmes! Je sais tout ce qui s’est passé entre vous et mon mari: mais je ne sais pourquoi je n’en suis pas jalouse. Peut-être qu’une aussi belle fille qu’on assure que vous l’êtes me force d’excuser le marquis. D’ailleurs il a des torts si grands avec vous, qu’il ne saurait les réparer. Cependant, s’il faut vous parler avec sincérité, je serais la première femme qui, pouvant tourmenter son mari infidèle, s’en abstiendrait par générosité: je ne veux pas de cette vertu, elle ressemble trop à la bêtise. Faites-moi donc le plaisir de le mettre aux abois soyez bien coquette; et si ce n’est pas assez, allez plus loin, pour peu que cela vous amuse. Quant à votre frère, c’est un garçon du premier mérite, et dont je fais un cas infini. Je le prône partout, et cinq à six nouvelles mariées de mes amies en sont folles, mes récits. Ce qui me plaît davantage en lui, c’est sa modestie; il est peu de jeunes gens de sa figure et de son mérite qui aient aussi peu de prétention: cette manière de penser noble et spirituelle fait davantage pour lui que ses rares talents, et que toutes les autres qualités; je ne saurais vous dire à quel point il prend partout: ce qui est une preuve non équivoque de son mérite.

Adieu, mademoiselle: votre lettre augmente les sentiments distingués avec lesquels j’étais déjà.

Très affectionnée à vous servir.

(sans signature.).

P.-S. – Votre fils est un bijou; il est tout R**, je vous jure.