ATHÈNA.

Je me réjouis d'entendre vos souhaits bienveillants pour la terre que j'aime. Je loue la persuasion aux doux yeux qui dirigeait ma langue et ma parole, tandis qu'elles refusaient durement d'écouter. Zeus, qui préside à l'Agora, l'a emporté, et notre cause, la cause des justes, est victorieuse.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.

Antistrophe II.

Que la discorde insatiable de maux ne frémisse jamais dans la ville! C'est mon souhait. Que jamais la poussière ne boive le sang noir des citoyens! Que jamais, ici, un meurtre ne venge un meurtre! Que les citoyens n'aient qu'une même volonté, un même amour, une même haine. Ceci est le remède à tous les maux parmi les hommes.

ATHÈNA.

Avez-vous donc retrouvé le chemin des paroles bienveillantes? Je prévois que les habitants de ma ville seront grandement secourus par ces spectres terribles. Aimez toujours ces déesses qui vous sont bienveillantes, offrez-leur de grands honneurs, et cette terre et cette ville seront à jamais illustres par l'équité!

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.

Strophe III.

Salut! soyez heureux et riches! Salut, peuple Athènaien, assis auprès des autels de Zeus, amis de la vierge qui vous aime, et toujours pleins de sagesse! Ceux qui habitent sous les ailes de Pallas sont respectés par son père.

ATHÈNA.

Je vous salue aussi. Il faut que je marche la première, afin de vous montrer vos demeures. Allez à la lumière sacrée des torches de ceux qui vous accompagnent, à travers les sacrifices offerts, descendez sous terre, afin de retenir le malheur loin de cette terre, et d'envoyer vers la ville la prospérité et la victoire. Vous qui habitez cette ville, fils de Kranaos, accompagnez-les, et que les citoyens se souviennent toujours de leur bienveillance!

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.

Antistrophe III.

Salut, salut! Je vous salue de nouveau, vous tous qui êtes ici, daimones et mortels, habitants de la ville de Pallas! Respectez ma demeure, et vous n'accuserez jamais les hasards de la vie.

ATHÈNA.

Je me réjouis de vos paroles et de vos prières, et j'enverrai la clarté des torches flamboyantes vers les lieux souterrains, avec les gardiennes de mon sanctuaire, selon le rite. Que la fleur de toute la terre de Thèseus s'avance, la brillante troupe des jeunes filles, et les femmes et les mères âgées! Revêtez des robes pourprées, afin d'honorer ces déesses, et que la clarté des torches précède, afin que cette foule divine, toujours bienveillante pour cette terre, la rende à jamais illustre par la prospérité de son peuple!

LE CORTÈGE.

Entrez dans votre demeure, grandes et vénérables filles de la nuit, déesses stériles, au milieu d'un cortége respectueux! Toutes, invoquons-les! Dans les retraites souterraines vous serez comblées d'honneurs et de sacrifices! Toutes, invoquons-les! Propices et bienveillantes à cette terre, venez, ô vénérables, éclairées par les torches flamboyantes! Maintenant, chantons en marchant! Les libations et les torches brillantes abonderont dans vos demeures. Zeus qui voit tout et les Moires seront toujours favorables au peuple de Pallas. Maintenant, chantons!

Les Suppliantes

LE CHŒUR DES DANAÏDES.

Que Zeus, dieu des suppliants, nous regarde avec bienveillance, apportées ici, sur nos nefs, des embouchures sablonneuses du Néilos! Ayant laissé la terre divine qui confine à la Syria, nous avons fui, non pour un meurtre commis, ou condamnées à l'exil par la sentence du peuple, mais pour échapper à des hommes, pour éviter les noces fraternelles, impies, exécrables des fils d'Aigyptos. Notre père Danaos, inspirateur de ce dessein, a conduit notre flotte, et, délibérant sur ceci, entre deux maux a choisi le plus noble: la fuite à travers les ondes marines, afin d'aborder la terre Argienne d'où notre race se glorifie d'être issue, du contact, du souffle de Zeus et de la vache tourmentée.

Dans quelle terre plus propice que celle-ci serions-nous arrivées, ayant à la main ces rameaux des suppliants, enveloppés de bandelettes de laine? Ô vous, ville, terre, blanches eaux! Vous, dieux des hauteurs, et vous, dieux des expiations terribles, qui avez des demeures souterraines! Et toi, Zeus sauveur, gardien du foyer des hommes pieux! Accueillez tous en ce pays hospitalier cette troupe de jeunes filles suppliantes, et rejetez à la mer, afin qu'ils fuient promptement la foule insolente des hommes, des Aigyptogènes, avant qu'ils aient posé le pied sur cette terre non souillée! Et qu'ils périssent dans la mer soulevée, en un tourbillon tumultueux, par le tonnerre et la foudre, et battus des vents chargés de pluie, avant qu'ils montent dans les lits des filles de leur oncle, malgré elles et malgré Thémis!

Strophe I.

Maintenant, nous invoquons, à travers les mers, le fils de Zeus, notre vengeur, conçu au contact, au souffle de Zeus, par la vache, notre aïeule, qui paissait les fleurs, celui qui, à l'heure de l'enfantement, fut le bien nommé par la destinée: Épaphos!

Antistrophe I.

L'invoquant aujourd'hui dans les pâturages herbeux de notre mère antique, nous rappellerons nos malheurs anciens. Et nous donnerons des preuves certaines de notre origine, et nos paroles seront vraies, quelque étranges et inattendues qu'elles soient, et chacun saura tout, selon la suite des temps.

Strophe II.

S'il est ici un habitant de cette terre, observateur des oiseaux, quand il entendra ma plainte lamentable, il croira entendre la voix de la femme malheureuse du perfide Tèreus, du rossignol poursuivi par le faucon.

Antistrophe II.

Chassée des lieux et des fleuves accoutumés, elle gémit sans trêve, se souvenant de la mort de son fils qui périt, s'offrant à la colère et tombant sous la main de sa misérable mère.

Strophe III.

Et moi aussi je recherche les modes Iaoniens, et je déchire cette joue délicate cueillie sur les bords du Néilos, et ce sein abreuvé de larmes; et je nourris les fleurs du deuil, songeant aux amis de celle qui a fui la terre natale, s'il en est qui aient souci d'elle.

Antistrophe III.

Dieux générateurs, si vous protégez l'équité, entendez-moi! Ne laissez pas s'accomplir ce qui est contre la justice. Soyez les ennemis de la violence, et condamnez-la avant ces noces. Après le combat, il est un autel tutélaire, un rempart pour les vaincus, et, pour ceux qui fuient, un sanctuaire des daimones.