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Lettre 157. Ursule, à Fanchon.

[Calme trompeur avant l’orage!].

24 avril.

Une perspective plus riante que nous ne l’avons eue depuis longtemps se présente, ma très chère sœur. Edmond est veuf de cette vieille dame que M. Gaudet lui avait fait épouser, et nous avons, pour le rappeler à celle qu’il a seule constamment aimée, cette Zéphire, qui est honnête aujourd’hui et avantageusement établie, avec un homme qu’elle rend heureux. Mais il faut quelque indulgence pour Edmond! et même de l’adresse, pour l’arracher au plus extraordinaire des hommes, plein de vertus et de vices, qui a été à son but d’une manière effrayante, depuis qu’il connaît Edmond: car il est parvenu à le faire membre d’une cour souveraine. Par quels moyens!… Malgré le sort qui nous rit, je ne saurais me défendre d’une secrète inquiétude: et me rappelant combien nous avons été coupables, Edmond et moi, je me dis que nous ne sommes pas assez punis… Mme Parangon, à l’invitation de Mme Zéphire, part sur-le-champ, et va employer tous ses efforts pour réunir Edmond à jamais avec nous. Fasse le Ciel qu’elle réussisse!… Grand Dieu! écoute la prière de l’infortunée qui a reconnu ta justice dans ses peines, et qui sent aujourd’hui les effets de ta miséricorde, avec les plus vifs transports de reconnaissance!… Ma chère sœur, mes larmes coulent malgré moi; il semble qu’une invisible main me repousse… Priez, vous autres, dont le cœur est pur; le Ciel vous écoutera mieux que les esclaves du vice.

Je me prosterne devant mes respectables père et mère.

Adieu, ma chère sœur.

Ici fut écrite la CCIIème lettre du PAYSAN.