Je n'ai fait aucune representation pour l'affaire de Witepsk du 13 Juillet, car quoique son issue fut glorieuse pour les armes de Votre Majeste, une faute un peu grave nous y fit perdre 6 canors d'artillerie a cheval.

Les combats du 14 et 15 Juillet sont des monuments eternels de la gloire de Vos troupes.-Des faibles corps y ont par leur seule conte-nance, l'observation de l'ordre, leur rare valeur et sous la conduite ha-bile de leurs Chefs, non seulement retenu les forces reunies de l'ennemi le plus entreprenant pendant des jours entiers, mais leur ont cause encore une perte sensible.

La defense cle Smolensk le 5 et 7 Aout contre toute la force en-nemie rassemblee ne peut etre que honorable pour Vos troupes et sauva la 2-de Armee, qui sans ce combat aurait ete ou obligee de se replier sur la 1-re et d'ouvrir a Moscou, ou d'etre entierement detruit pat lui sur sa marche a Dorogobousch, sur quel chemin l'ennemi avait deja detache unu colonne, qui, par le mouvement de la 1-re Armee fut obligee a se replier sur son gros.

Les combats du 7 Aout, pendant lequel une colonne de l'armee tut attaquee deux fois par une force superieure ennemie sur (les endroits differents, suffisent pour couvrir (l'une gloire immortelle les braves trou-pes de Votre Majeste qui les ont soutenues, et avaient tellement impose a l'ennemi que depuis ce temps et meme a present encore, il emploit la plus grande precaution dans ses operations. Je dois encore ajouter qu'alors l'attaque de l'ennemi me surprit d'une maniere touta-fait inattendue, car selon la disposition convenue, je croyais trouver sur les endroits ou se fit l'attaque, inevitable par la meme, l'arriere garde de la 2-de Armee, mais en sa place, je voyais devant moi l'ennemi avancant avec des forces superieures, et neanmoins il fut culbute et subit la perte de plusieurs millers d'hommes parmi lesquels quelques generaux.

Il est vrai que par rapport au nombre des morts et blesses tous ces combats reunis n'entrent pas en comparaison avec une soi-disante bataille, mais leurs vrais resultates ont ete plus importants que les suites d'une bataille dite gagnee,-car par l'affaire de Witcpsk, l'intention de l'ennemi de nous prevenir a Witepsk, fut frustree et la jonction de deux armees s'opera heureusement.-Lorsque l'ennemi tourna toutes ses for-ces sur Smolensk, il ne pouvait avoir d'autre intention que celle de couper l'armee de toute la partie meridionale de l'Empire, de l'armee de Tormassow et meme de Moscou.-Mais il n'a pas reussi alors clans aucun de ces buts proposes; l'armee le retint a Smolensk et donna a la 2-de Armee le temps necessaire pour arriver a Dorogobousch.

Par le combat du 7 Aout, l'intention de l'ennemi de separer les deux Armees fut rendue vaine.

Les retraites, qui se faisaient apres ces differents combats n'etaient point des retraites forcees, mais determinees avant le combat d'apres des circonstances et des raisons importantes.-Ce n'etait pas une fuite, mais un mouvement execute avec tout l'ordre possible en face de l'en nemi et pendant lequel il ne tomba dans ses mains que quelque peu de traineurs.

C'est de la conservation de l'armee que dependait le sort de l'Empir, et l'affaire du 26 Aout prouva que malgre tous les precedents com-bats opiniatres, ce grand but avait ete completement rempli, car ce n'est qu'une Armee bien conservee et bien organisee qui puisse se battre, comme s'est battue l'armee de Votre Majeste sous des circon-stances aussi contraires que celles qui se reunireut ponr l'accabler a la journee sanglante de Borodino, apres laquelle elle se trouve son etat actuel.

Je ne fais mention de ceci, que pour remplir mon devoir de pre-senter a Votre Majeste le merite de Votre brave Armee dans toute son etendue.

Sire! Vous serez juste envers les braves, que j'ai l'honneur de re-commander a Votre bienveillance et ne leur refusez point les recompences dues a leur merite.-Je serait injuste s'ils devaient souffrir par la disgrace qui est tombe sur celui qui avait le bonheur de les com-mander.

A ce qui me concerne personellement, je me soumets avec resi-gnation et fermete a mon sort, et apres que mon voeu le plus ardent ne s'est pas accompli le 26 Aout et que la Providence y a epargne une vie qui m'est a charge, il ne me reste que d'implorer comme la seule grace de Votre Majeste, Son consentement a la priere que j'ai ose Lui soumettre dans me precedente tres humble lettre.

Permettez, Sire! que j'y ajoute encore une seule et la derniere de mes prieres. Elle concerne mon Aide-de-Camp. Le Colonel Zakrevzky, l'un des officiers les plus distingues de l'Armee par son merite person-nel, sa bravoure eprouvee, son zele infatigable pour le service et des veritables talents militaires. Je voulais le presenter officiellement a Votre Majeste et rien n'en aurait pu me retenir que ses propres instances que je ne le fasse pas, et il a prouve par la qu'il ne sert pas par aucune vue d'interet personnel, mais par pur devouement pour la Patrie. Votre Ma-jeste possede en lui un officier, qui, s'il en aura l'occasion, rendra a l'Etat des services, grands et importants.

Daignez, Sire, en recompensant ce digne officier repandre la der-niere consolation sur l'esprit d'un de Vos serviteurs le plus fideles, mais accable par le chagrin le plus profond; qui n'a point d'autre ressource que la purete de sa conscience, dont le devouement sans bornes pour Vous ne cessera qu'avec la vie et qui en expirant formera le dernier voeu pour le bien-etre de Votre Majeste Imperial.

[1] Пометка ген. Барклай де-Толли: "Получено от Государя 3 октября".

[Воспроизводится по книге: Отечественная война 1812 года. Материалы Военно-Ученаго Архива. С.-П.: типография "Бережливость", 1911. Том XVIII. Документ ? 160. С.134-138.]

Ген. Барклай де-Толли ген.-фельдм. ГОСУДАРЮ

ИМПЕРАТОРУ, 11 сентября 1812 г.

(Д. В.-У. А., отд. I, ? 693, л. 42-44 [1]).

из Краснаго.

Сир! Повинуясь приказам, исходящим от фельдмаршала князя Кутузова, имею счастие представить Вашему Императорскому Величеству список тех, кто до приезда Его Светлости особо отличился в многочисленных боях. В этом представлении нет никого, кто бы не заслужил своим поведением несомненного права удостоиться благосклонности своего Монарха.

Я не сделал никакого представления, касающегося дела под Витебском 13 июля, так как хотя исход его был славным для войск Вашего Величества, из-за небольшой ошибки мы потеряли 6 пушек конной артиллерии.

В боях 14 и 15 июля войска Вашего Величества покрыли себя вечной славой. Ослабленные корпуса за счет только своей выдержки, соблюдения порядка, редкой доблести и под умелым руководством своих командиров не только сдержали соединенные силы противника, смело атакующего целыми днями, но и причинили ему значительный ущерб.

Оборона Смоленска 5-7 августа против всех сил противника может рассматриваться только как почетная для войск вашего Величества; она спасла 2-ю армию, которая, не будь этого сражения, была бы или вынуждена отойти к 1-й армии и открыть дорогу на Москву, или же быть полностью уничтоженной неприятелем во время своего движения на Дорогобуж, т.к. неприятель уже отправил на эту дорогу колонну, которая из-за движения 1-й армии была вынуждена вновь соединиться с главными силами.

В боях 7 августа, армейская колонна была дважды атакована превосходящими силами противника с разных сторон, и этого достаточно, чтобы покрыть вечной славой храбрые войска Вашего Величества, которые выдержали этот удар и так ошеломили противника, что с тех пор он действует очень осторожно. Еще я должен добавить, что тогда враг атаковал совершенно неожиданно, так как согласно представленной диспозиции, я рассчитывал увидеть на этом месте арьергард 2-й армии, но вместо него я увидел пред собой врага, который обрушился на нас превосходящими силами и, тем не менее, был опрокинут и потерял несколько тысяч человек, среди которых несколько генералов.

Действительно, число убитых и раненых во всех этих боях не идет ни в какое сравнение с настоящим сражением, однако реальные их результаты были более важными, чем последствия выигранного сражения: так, в деле под Витебском враг намеревался нас опередить, но его намерения не осуществились и соединение наших армий произошло успешно. Когда же враг обрушил все свои силы на Смоленск, у него было только одно намерение - отрезать армию от южной части Российской Империи, от армии Тормасова и даже от Москвы. Но он не достиг ни одной из поставленных целей: наша армия сдержала его в Смоленске и тем самым дала время 2-й армии дойти до Дорогобужа.