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Тютчевой Эрн. Ф., 22 августа/3 сентября 1840

58. Эрн. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 22 августа/3 сентября 1840 г. Мюнхен

Ce jeudi. Matin

Je t’écris à la hâte, ma chatte chérie. C’est ce matin que nous allons chez la dite G-Duchesse, et tu sais qu’avec le Brochet il faut toujours faire une large part au temps. Il n’y a rien d’accéléré dans ces procédés. Tout cela n’empêche pas que la véritable Gr-Duchesse ne soit toi, la G-Duchesse de mon coeur et que j’aie une mortelle envie de te rejoindre au plutôt. J’espère bien que cela pourra se faire samedi prochain. En attendant je t’envoie les papiers des Mentque, les pports et le certificat. Quant aux laissez-passer il n’y faut pas compter. Les missions ici ne sont pas dans l’habitude d’en délivrer. Ce n’est pas sans peine que j’ai réussi à obtenir le visa de Colloredo, car dans la règle il est défendu aux légations autrichiennes de viser des pports pour une destination qui ne se trouve pas exprimé dans le pport primitif visé par leur ambassade à Paris. Je compte bien encore retrouver les Mentque à Tegernsee.

Tout ce que tu me dis au sujet de la gte me paraît très vrai. Nous en reparlerons. Dans tous les cas je te donne carte blanche d’agir et de décider, comme tu l’entends. La difficulté est toujours dans le manque de place. Je vais retourner dans la maison W pour étudier le terrain et pour obtenir, s’il est possible, une réponse définitive.

Je n’ai pas vu encore la Krüdener qui depuis son retour à M n’a pas encore quitté son lit. Son mari m’a dit que même comme voyageurs ils ont suffisamment éprouvé l’action de cette tristesse particulière à l’Italie pour y avoir pleinement compris et absous mon évasion de l’année dernière.

Je te remercie, ma chatte, de la nouvelle que tu me donnes. Soigne-toi bien, je t’en prie. Evite la fatigue plus que jamais. Je tiens à te retrouver bien portante et bonne mine ayante.

Quant à l’argent, j’ai dit à Eichthal de te l’envoyer directement.

Bonjour, ma chatte. Si je persistais à remplir tout ce blanc qui me reste encore, cela me prendrait trop de temps et compromettrait mes préparatifs… Ainsi adieu, à samedi. J’embrasse les enfants depuis A — M.

Перевод

Четверг. Утром

Пишу тебе, милая моя кисанька, второпях. Сегодня утром мы должны быть у известной тебе великой княгини, а как ты знаешь, со Щукой всегда тратишь много времени. Он никогда не торопится. Все это не мешает тебе быть истинной великой княгиней — великой княгиней моего сердца, с которою мне хочется свидеться как можно скорее. Очень надеюсь, что это осуществится в будущую субботу. А пока посылаю тебе бумаги Ментков, паспорта и свидетельство. Что касается до пропусков, то на них рассчитывать нельзя. Здешние миссии обычно их не выдают. Визы Коллоредо я исхлопотал не без труда, ибо по правилам — австрийским миссиям запрещено давать визы на проезд в местности, не указанные в самом паспорте, завизированном австрийским посольством в Париже. Я надеюсь еще застать Ментков в Тегернзее.

Все, что ты сообщаешь насчет гувернантки, кажется мне весьма правильным. Об этом мы еще поговорим. Во всяком случае, предоставляю тебе полную свободу действовать и решать по-своему. Вся трудность заключается по-прежнему в недостатке места. Я еще раз побываю в доме Вихана, чтобы все выяснить и добиться, если возможно, окончательного ответа.

Я еще не виделся с Крюденершей; со времени своего возвращения в Мюнхен она не встает с постели. Ее муж сказывал мне, что даже будучи в качестве путешественников, они в полной мере испытали грусть, которою обычно ощущаешь в Италии, и потому вполне понимают и оправдывают мое прошлогоднее бегство.

Благодарю тебя, моя кисанька, за присланную весть. Береги себя хорошенько, прошу тебя. Больше чем когда-либо избегай усталости. Мне хочется увидеть тебя здоровой и поправившейся.

Что касается денег, я сказал Эйхталю, чтобы он выслал их прямо тебе.

Прости, моя кисанька. Если бы я захотел во что бы то ни стало исписать все остающееся свободное место, это отняло бы у меня много времени и помешало бы моим приготовлениям… Итак, прости, — до субботы. Целую детей от А. до М.

Тютчевым И. Н. и Е. Л., октябрь 1840

59. И. Н. и Е. Л. ТЮТЧЕВЫМ Октябрь 1840 г. Мюнхен

Минхен. Октябрь

J’ai reçu les jours derniers, chers papa et maman, la lettre que vous m’avez écrite le mois passé en commun avec Nicolas, et je suis bien aise de le savoir auprès de vous. Je ne puis assez l’exhorter à persévérer dans l’heureuse idée de quitter le service qui ne lui rapportait ni profit, ni plaisir, et lui faisait sacrifier des intérêts essentiels. Puisse-t-il prendre goût à ses nouvelles occupations et trouver quelque agrément là où il y a beaucoup d’utilité.

Nous sommes rentrés en ville depuis quelques jours. Vers la fin, notre séjour à Tegernsee était devenu fort agréable, grâce à la présence de la Reine douairière qui est certainement la châtelaine la plus aimable et la plus hospitalière. Il y avait cette année une foule d’étrangers, au château, et souvent plus de société, de fêtes et d’amusements qu’on n’aurait désiré. Nous y avons successivement vu le Roi et la Reine de Saxe, celle-ci, fille de la Reine, l’Impératrice d’Autriche, le Duc de Bordeaux, toute la famille Leuchtenberg et surtout et avant tout la Grande-Duchesse Marie. Vous savez que la Gr-Duchesse et son mari passent ici l’hiver. Ils sont arrivés à Munich dans les premiers jours de septembre et aussitôt après ont suivi la Reine douairière à Tegernsee où ils sont encore.

La Grande-Duchesse Marie est vraiment charmante. On ne saurait avoir l’air plus distingué avec plus de grâce et de naturel. Aussi a-t-elle eu d’emblée un succès général. Outre sa belle-mère qui en est folle, toute la Famille Royale, le Roi, la vieille Reine, l’ont pris dans la plus grande affection et l’on dirait, à les voir ensemble, qu’elle a passé la vie entière parmi eux.

Moi, j’ai eu chance de la voir à Munich, où je suis venu exprès pour lui faire ma cour et quelques jours plus tard, à Tegernsee, où elle a <été> parfaitement gracieuse envers nous, pour ma femme surtout. Malheureusement son séjour dans les montagnes lui a été gâté par une assez grave indisposition qui l’a confiné pendant plusieurs jours dans sa chambre et qui même, durant 24 heures, nous avait fait éprouver de vives inquiétudes. Maintenant, grâce à Dieu, elle est presque entièrement rétablie et doit rentrer en ville à la fin de cette semaine. Sa suite se compose du Comte Wielhorsky, son Gr-Maître qui autrefois a servi dans notre Ministère — brave, galant homme que j’ai beaucoup connu dans le temps à Péters, de sa GrMaîtresse, Mad. Захаржевская, née Tiesenhausen, et d’une demoiselle d’honneur.

Je ne doute pas que la présence de la Grande-D à Munich n’attire ici beaucoup de Russes dans le courant de cet hiver. Dernièrement j’ai revu ici chez Sévérine le Ministre Bloudoff que j’ai connu à Péters, il y a trois ans, et qui m’a rappelé un dîner que nous avons fait ensemble dans la société du défunt Дмитриев.